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Grand Blue : Interview Inédite de la Traductrice

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Célia est rédactrice sur Nipponzilla sous le pseudo Lia, mais elle est avant tout traductrice d’animés et, plus récemment, de mangas. Choisie par les éditions Meian pour devenir la traductrice du très attendu Grand Blue, elle a accepté de jouer le jeu des questions-réponses dans une interview exclusive.

Bonjour Célia, tu es traductrice de mangas et d’animes. Comment cela se passe-t-il au quotidien ?

Je travaille depuis chez moi, avec un statut d’auto-entrepreneur. Une fois qu’un éditeur me confie un projet, on décide ensemble d’un délai et je reçois les fichiers nécessaires à la traduction. Après avoir terminé la traduction, d’autres personnes s’occupent de la correction et du lettrage dans le cas de mangas, puis je relis la version finale pour vérifier qu’il n’y a pas d’erreur.

Comment en es-tu arrivée à faire ce métier ? Quel est ton parcours ?

J’ai fait quatre ans d’étude de japonais à l’université, ainsi qu’une année en échange au Japon. Comme je savais depuis le lycée que je voulais travailler dans la traduction, mon parcours a été assez linéaire ! Je me suis beaucoup entraînée à traduire et à écrire de mon côté pendant des années, donc je pense que c’est ce qui m’a aidé à progresser en traduction, mais pour ce qui est de la langue, mon année au Japon a vraiment fait toute la différence.

Vraiment ? Tu peux nous en dire plus ? Par exemple, comment as-tu fait, était-ce dans le cadre d’un échange entre universités, du type Erasmus ou de ton propre chef ? Comment as-tu vécu là-bas ?

J’y suis allée dans le cadre d’un échange universitaire classique, donc je suivais des cours à l’université là-bas. Le Japon est un pays très accueillant pour les étudiants étrangers. J’étais logée dans une résidence universitaire avec d’autres étudiants de France ou d’ailleurs, et nous étions accompagnés par les professeurs et par des étudiants bénévoles dans toutes nos démarches. Il y a aussi pas mal d’aides financières, donc ce sont des programmes très accessibles pour tous les étudiants en japonais à partir de la L3. Comme j’y étais pour un an, y compris les vacances, ça m’a aussi donné l’occasion de voyager et découvrir des choses. C’était une très bonne expérience.

Tu peux nous dire sur quelles séries tu as travaillé/travailles ?

En anime, j’ai principalement traduit la majorité des films Détective Conan, le film Ashita no Joe 2 et la série Lucile Amour & Rock’n’Roll chez Black Box, avant de me lancer dans la traduction de mangas. Actuellement, je m’occupe de la traduction des mangas Grand Blue et Chillin’ Life in a Different World chez Meian.

Lesquelles affectionnes-tu le plus, et pourquoi ?

Je ne sais pas si je pourrais choisir ! Ce sont toutes des séries très différentes, autant dans le style que dans la manière de les traduire. Peut-être les Lucile, car j’ai un faible pour les anime un peu rétro, mais je m’amuse beaucoup avec les traductions de Grand Blue et Chillin’ en ce moment.

Moi aussi j’adorais Lucile, ça passait sur la 5 quand j’étais petite ^^ (et oui, chers lecteurs, je suis de la vieille garde des fans d’animés !).

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce job ?

Je pense que c’est impossible de devenir un bon traducteur quand on n’aime pas écrire. Pour ma part, j’adore écrire des dialogues. Essayer de trouver la meilleure manière de recréer des dialogues à la fois amusants à lire, fidèles à l’original et adaptés au personnage, à l’univers, etc., c’est toujours un challenge enrichissant.

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Copyright © 2014 Yoshioka/Inoue – Kôdansha – 2020 Meian éditions

Ce ne doit pas toujours être simple de traduire certaines expressions typiques… ?

C’est sûr, parfois il faut longtemps se creuser la tête ! Il y a toujours des choses qui seront impossibles à traduire littéralement, des formulations à changer, etc. C’est ce qui bloque pas mal de traducteurs débutants, qui pensent devoir respecter absolument le texte original dans sa forme (quitte à faire mille notes de traductions) et ne se soucient pas assez du fond. Mais le plus important est que l’intention de l’œuvre originale soit respectée. Même quand une expression n’a pas d’équivalent direct, il y a toujours un moyen de l’adapter, quitte à faire quelques détours ou modifier un peu le sens. Si un dialogue est censé faire rire et que la traduction littérale n’est pas du tout drôle en français, on ne peut pas parler de “respect de l’original”, même si tous les mots sont bien là. Une fois qu’on a assimilé ce principe, on finit toujours par trouver une solution, même pour les expressions compliquées à traduire.

Et ce qui te plaît moins ?

Je dirais la pression et le stress, à l’approche de la sortie d’une œuvre que j’ai traduite !

As-tu déjà eu des retours de la part des fans sur tes traductions ? Si oui de quel genre ?

J’ai eu quelques retours positifs sur les réseaux sociaux pour les DVD, principalement de pages dédiées aux vieux animes qui donnaient leur avis sur les coffrets, donc ça fait bien sûr énormément plaisir ! Mais c’est quand même assez rare que les gens s’intéressent assez à la qualité de la traduction pour en parler, surtout pour des mangas. Tant qu’il n’y a pas de grosse critique négative, j’estime que tout va bien !

Tu préfères plutôt traduire des mangas ou des séries animées ? Est-ce que les méthodes de travail changent beaucoup entre les deux ?

Si je devais vraiment choisir, je dirais les séries animées. Mais honnêtement, les deux sont intéressants à traduire. Il y a pas mal de choses qui changent ; dans un sous-titre, on ne peut pas faire de « note de traduction », donc il faut faire beaucoup plus d’adaptation. Il faut aussi faire attention à ce que les phrases soient assez courtes et claires pour être comprises tout de suite. Pour une traduction de manga, on peut se permettre de laisser certaines références japonaises ou d’entrer plus dans les détails. Ça a du bon et du mauvais, car c’est parfois difficile de décider s’il vaut mieux expliquer la référence en note ou l’adapter !

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Copyright © 2014 Yoshioka/Inoue – Kôdansha – 2020 Meian éditions

Parlons de la prochaine série confiée à tes soins par l’éditeur Meian et qui arrive très bientôt en France (février 2021), Grand Blue. Quel est le sujet de cette série ?

Techniquement, c’est un manga sur la plongée. Dans la réalité, c’est surtout une comédie universitaire avec des personnages qui picolent beaucoup et se retrouvent dans des situations improbables !

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Copyright © 2014 Yoshioka/Inoue – Kôdansha – 2020 Meian éditions

Rencontres-tu des difficultés avec cette série en particulier, par rapport à d’autres mangas ou anime ?

J’avais plus l’habitude des séries « tout public », donc forcément ça change un peu ! Comme ce sont des étudiants qui aiment bien faire la fête et déconner, il fallait utiliser un registre plus familier et essayer de reproduire des dialogues qui sonnent naturels pour des personnages de cette tranche d’âge. Et comme l’humour japonais est aussi très différent du nôtre, ça demande parfois beaucoup de travail pour recréer une expérience de lecture aussi drôle que l’original. J’espère arriver à faire rire le plus de monde possible avec mon adaptation !

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le fait de traduire Grand Blue en français ?

C’est un manga vraiment très marrant ! À première vue il a l’air assez vulgaire, mais les personnages gardent quand même un certain sens moral qui les empêche d’aller trop loin, donc c’est vraiment de l’humour sans prise de tête et qui marche bien. On découvre aussi pas mal de trucs sur la plongée sous-marine, même si l’aspect comique est vraiment ce qui est le plus mis en avant. Les personnages arrivent toujours à trouver un nouveau moyen de nous surprendre, même quand on croit avoir tout vu ; je pense que c’est ce qui rend la série aussi drôle !

Ressens-tu une certaine pression due à l’attente du public français pour ce titre ?

C’est un manga très attendu par les fans, donc forcément, la pression est d’autant plus grande ! Mais, avec les autres personnes qui travaillent sur cette série, on a vraiment mis beaucoup de soin dans l’adaptation française de ce titre, donc je pense que vous ne serez pas déçus. 😉

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Copyright © 2014 Yoshioka/Inoue – Kôdansha – 2020 Meian éditions

Et pour l’autre manga que tu traduis en ce moment pour Meian et qui sortira en mars 2021, Chillin’ Life in a Different World ? Que peux-tu nous dire sur cette série ?

C’est un manga fantasy adapté d’un light novel japonais, qui reprend pas mal de codes de l’isekai (voyage dans un autre monde), mais avec un côté tranche-de-vie beaucoup plus prononcé que d’autres séries du même genre, et avec des personnages très attachants. Je ne veux pas trop en révéler pour ne pas vous spoiler, mais je vous conseille vivement d’y jeter un œil à sa sortie, surtout si vous appréciez les histoires fantastiques !

Merci à toi Célia pour cette interview inédite sur Grand Blue et ton métier de traductrice, un beau partage avec les lectrices et lecteurs de Nipponzilla. Bravo pour ton travail !

Merci beaucoup. 🙂

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Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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