Si vous appréciez les œuvres de Takeshi Obata alors vous serez heureux d’apprendre que Gakkyu Hotei prépare son arrivée dans les librairies françaises ! Il s’agit d’un manga en trois volumes réalisé par le dessinateur de Death Note et Bakuman, juste avant le lancement de Platinum End.
Sur cette fin 2015 début 2016, nous avons appris plusieurs acquisitions de licences qu’on aurait pu attendre chez vous : Platinum End, My Hero Academia voire One-Punch Man… Quoi que, sur ce dernier, avez-vous fait une offre ?
Après ça fait partie de la compétition, en tout cas dans deux cas sur trois que tu as cités car pour Platinum End, la compétition n’a jamais été ouverte dans la mesure ou Kazé a fait valoir sa première option et donc il n’a jamais été mis « sur le marché » si on peut dire…
Est-ce que Shueisha vous a expliqué ses choix ?
Les éditeurs japonais n’ont pas l’habitude d’expliquer le pourquoi du refus, quelque soit le cas, même pour l’approbation d’une PLV.
Pour One-Punch Man et My Hero Academia je sais que la compétition a été forte et je sais qu’en face de nous nous avions des concurrents qui ont fait des offres vraiment très hautes. Donc c’est le principe de la compétition. Même si pour One-Punch Man ce choix fait par la Shueisha de prendre un challenger aux partenaires historiques a été le même dans le monde entier, ce qui montre – enfin ce n’est qu’une analyse personnelle – qu’il y a une volonté de challenger les éditeurs entre eux, de donner une opportunité à certains bons compétiteurs, de faire un test.
La compétition était donc énorme. Après les éditeurs qui l’ont eu sont de très bons éditeurs de mangas donc tant mieux pour eux bien sûr ! C’est bien en tout cas que le marché acquiert de si bons titres, ça va forcément le redynamiser et ça va faire bouger les choses. C’est juste dommage qu’ils ne soient pas chez Kana. Rires !
Suite à ces décisions est-ce que vous vous êtes demandé s’il y avait un problème dans vos relations avec la Shueisha, est-ce que ça vous a inquiété de ce coté là ?
Évidemment nous nous sommes posés plein de questions, ça a été un échec pour nous… Nous avons donc fait notre « examen de conscience » en quelque sorte. Rires ! Nous sommes allés les revoir, nous leur avons posé plein de questions et nous nous sommes interrogés sur notre manière de faire… mais toutes les conclusions que nous pouvons en tirer sont très théoriques. De toute façon ça faisait un moment que nous avions commencé à nous réorganiser pour faire évoluer des choses chez Kana. Nous en avons tiré des leçons.
Pour autant je ne pense pas que nous ayons de problèmes avec la Shueisha, car le fait est que cet éditeur a acheté Kazé Manga donc pour Platinum End ce n’est pas une surprise, on s’attendait à ce que les gros titres aillent chez eux. Malgré ça nous avons quand même pu acquérir Assassination Clasroom et nous avions la chance d’avoir encore Naruto aussi. Donc quand tu es un éditeur japonais tu ne vas pas non plus mettre tous tes œufs dans le même panier. Ce n’est donc pas totalement anormal ce qui arrive avec One-Punch Man ou My Hero Academia.
Celui qui me fait le plus mal par contre, je l’avoue, c’est pour OBATA. Nous l’avons suivi depuis longtemps, nous avons toujours eu cette stratégie auteur chez Kana. Nous avons beaucoup travaillé les titres de cet auteur, car il ne faut pas oublier que Death Note a été beaucoup soutenu au lancement et tout au long de la série, ce n’est pas comme si nous n’avions rien fait ou qu’il s’était vendu tout seul, même si c’était la belle époque…
Kana a aussi essuyé de sacrées affaires avec Death Note en plus !
Oui aussi ! C’est vrai qu’à l’époque avec ces faits divers qui ont fait la une, nous avons dû faire face et nous nous en sommes bien sortis au final. La preuve c’est que, même s’il n’y a plus de nouveauté depuis des années, Death Note contredit complètement l’adage qui dit qu’une série finie est une série morte, car elle se place toujours dans le top des ventes, un peu comme Dragon Ball, sauf que nous n’avons même pas eu de nouvelles éditions et que toutes nos propositions dans ce sens ont d’ailleurs été déclinées par le Japon.
Ensuite nous avons fait Bakuman mais aussi Blue Dragon et en nouveauté il y a aussi la série qu’il a fait avant Platinum End (Gakkyû Hotei, NDLR) que nous sortons bientôt donc, voilà, nous avons vraiment suivi cet auteur alors que, comme tout le monde le sait, tout n’est pas égal dans ce qu’il a fait. Mais nous avons joué le jeu et nous avons fait notre travail d’éditeur donc, là, je t’avoue que ça a été vraiment dur d’avaler la pilule.
C’est d’autant plus frustrant que vous n’avez même pas pu faire une offre…
Oui voilà ce n’est même pas sur une proposition que la décision s’est faite. Nous aurions pu échouer même dans ce cas là, bien sûr, mais au moins tu peux essayer de comprendre ce qui n’a pas été. Là non, donc c’est vrai que c’est difficile. Même si on comprend la stratégie qu’il y a derrière, forcément.