Notre critique de À l’intérieur des Yôkai

Dessinateur : Shigeru Mizuki
Scénariste : Shigeru Mizuki
Éditeur : Cornélius
Collection : Solange
Genre : Encyclopédie
Public : + 14 ans
Contenu : 94 pages
Sortie : 19 avril 2018
Prix : 25,50€
Statut de la série : Terminée en 1 tome

Acheter Site officiel

« Vous pensez tout connaître des yôkai ? Leurs apparences, leur habitat, leurs habitudes et même comment les faire fuir s’ils vous menacent ? Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui les constituait ? En effet, le fonctionnement interne de chaque yôkai est très particulier et nécessite des organes spécifiques adaptés à son environnement et ses capacités. C’est dans l’optique d’apporter le complément scientifique nécessaire à la compréhension de ces êtres magiques que Shigeru Mizuki a dessiné dans les années 1960 près de 85 coupes anatomiques de yôkai. Le lecteur découvrira comment Fukurosage, un tanuki originaire de la préfecture de Nagano, possède un estomac capable de changer la nourriture en sake ou encore comment Mannendake, un bambou vieux de 10 000 ans, utilise ses doigts (semblables à des seringues) pour aspirer les âmes des voyageurs perdus. Drôles et insolites, les textes accompagnant chaque dessin ont été écrits par Mizuki lui-même (et adaptés par Jean-Louis Capron pour la présente édition). Ces informations viennent étayer l’imaginaire fascinant du folklore japonais. »

Après le Dictionnaire des yôkai (paru chez Pika Édition) dans lequel Shigeru Mizuki nous présentait ces créatures étranges tout droit sorties du folklore japonais et qu’il affectionne particulièrement, les éditions Cornélius nous livrent à présent avec cet ouvrage justement intitulé À l’intérieur des yôkai des fiches scientifiques réalisées par Mizuki qui s’attaquent cette fois au fonctionnement interne de ces êtres surnaturels.

Des coupes anatomiques de créatures imaginaires ; l’idée peut sembler saugrenue, d’autant plus que les yôkai sont des êtres voilés de mystère. S’il est certain que ce recueil tirera une bonne partie de ses informations de l’imaginaire de son auteur, il serait tout de même injuste de le traiter en simple ouvrage fantaisiste. Maître incontesté dans le domaine, Shigeru Mizuki, auteur de Kitaro le repoussant et NonNonBâ, ne laissait effectivement pas simplement libre cours à son imagination pour nous décrire les yôkai, son savoir étant le fruit d’un important travail de recherche mais aussi et surtout d’une véritable passion qui l’anima toute sa vie durant. C’est en alliant ses connaissances et sa créativité qu’il a réalisé ces fiches à l’aspect scientifique mais pleines d’humour, que l’on pourrait considérer comme l’une des hypothèses possibles du fonctionnement de ces créatures.

On retrouve parmi les créatures dépeintes dans ces fiches la plupart des yôkai connus, comme le Kappa, ce monstre des rivières attirant les enfants pour les noyer, ou encore le Kyûbi no kitsune, célèbre « renard à neuf queues » qui aura inspiré bon nombre d’œuvres. Mais également d’autres, plus discrets, que l’on s’amusera à découvrir dans ce livre si on ne les avait pas déjà rencontrés dans le Dictionnaire des yôkai ou bien en suivant les aventures de Kitaro.

Au total ce sont plus de 80 yôkai qui sont répertoriés ici, tous plus insolites les uns que les autres. Ainsi, on apprendra qu’à l’intérieur du Kosokosoiwa, rocher « chuchoteur » que l’on peut trouver sur les routes, se cache un poisson vivant, ou bien que le Hyakumé, monstre aux cent yeux, possède un sac à globes oculaires dans son ventre lui permettant de créer des centaines d’yeux à la minute qu’il lance ensuite sur ses adversaires. Entre les descriptions des organes bizarres qui les constituent, Mizuki nous glisse quelques informations sur leur mode de vie, leurs traits de caractère, ou bien la façon de les affronter si d’aventure il nous arrivait de les croiser par mégarde.

Des illustrations réalisées avec le plus grand soin dans le style bien particulier de Mizuki qui donne à ces êtres un aspect à la fois comique et déroutant, mais toujours avec une application et un niveau de détail remarquables. Certaines illustrations plus grandes, sur double page, sont un véritable régal pour les yeux.

On apprécie également le travail de l’éditeur, puisque l’ouvrage lui-même est réellement sublime. Cornélius nous avait déjà habitués à ses couvertures cartonnées de qualité et ses grands formats ; cet ouvrage bénéficie également de pages plus épaisses, et la reliure nous permet de profiter des doubles pages sans aucune perte de visibilité. Un rendu superbe qui justifie le prix du livre, auquel s’ajoute une fois de plus une introduction très intéressante sur l’origine de l’œuvre et le travail de Mizuki.

Enfin, les fans des personnages de Kitaro le repoussant ne seront pas en reste, puisque ce travail sur les yôkai est complété par un fascicule grand format intitulé À l’intérieur de Kitaro, offert par Cornélius pour l’achat de deux livres Mizuki, et qui contient des coupes anatomiques similaires à celles présentes dans ce recueil mais sur les personnages du célèbre manga. Un fascicule de bonne qualité dans lequel on découvre des informations plutôt intéressantes sur Kitaro et ses amis yôkai, le tout avec toujours autant d’humour.