Dessinatrice : Kuki Wakame
Scénariste : Kuki Wakame
Éditeur : Boy’s Love IDP
Collection : Hana Collection
Genre : Yaoi
Public : + 16 ans
Contenu : 200 pages
Sortie : 10 janvier 2020
Prix : 7,95€
Statut de la série : One-Shot
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Résumé
“Depuis un traumatisme, Kana a bien conscience de faire partie d’une minorité. Ne s’étant jamais vraiment ouvert aux autres, le jeune homme porte son lourd secret tout seul. Mais un jour, alors qu’il est invité à une soirée de groupe par ses amis de l’université, il découvre un curieux jeune homme, du côté des filles, qui n’a pas peur d’affirmer son homosexualité. Sa première impression de Keigo est loin d’être bonne, et Kana fera tout son possible pour l’éviter. Mais petit à petit, les deux garçons, tout aussi maladroits l’un que l’autre, vont découvrir qu’ensemble, le temps qui semblait s’être arrêté pour eux se remet en marche.”
Notre critique
Inside Full Bloom, one-shot de la collection Hana, est une histoire entre deux jeunes hommes qui souffrent tous deux d’un profond mal-être, l’un traumatisé par le rejet d’un ami lorsqu’il a découvert son homosexualité, et l’autre par une peine de cœur qui l’a poussé à un profond détachement. Tous deux vont débuter une pseudo-relation dans laquelle ils vont se pousser l’un l’autre à parler ouvertement et à affronter leurs problèmes.
On découvre ici une nouvelle auteure, Kuki Wakame, dans un titre au style artistique plutôt intéressant. Sa façon de dessiner les personnages d’un trait qui fait un peu « brouillon » donne beaucoup de charme au titre, avec certaines scènes particulièrement bien dessinées. La relation entre les deux protagonistes, à l’image du dessin, n’est pas vraiment lisse, ni ne suit un fil cohérent. Ce sont deux jeunes hommes fermés au monde, qui font face à la vie comme ils le peuvent malgré une profonde souffrance et vont tenter de guérir ensemble de leurs blessures.
Mais si le résumé semblait nous promettre une histoire touchante et pleine de douceur, quelques points problématiques viennent malheureusement l’entacher. On sent en effet un grand amateurisme dans la narration et surtout dans la caractérisation des personnages et leurs interactions avec l’autre, qui manquent cruellement de réalisme. Alors que tous deux sont présentés comme des personnages renfermés, presque traumatisés, il ne leur faut que quelques heures passées ensemble pour raconter ouvertement leur passé, narré de manière un poil trop poétique et dramatique. La métaphore de la tulipe blanche synonyme d’amour perdu ne parvient malheureusement pas à nous atteindre comme elle le voudrait…
L’autre gros problème du titre est, comme pour beaucoup (trop) de yaoi, la banalisation de la relation qui débute sur un viol. Et l’auteure, en faisant le choix d’insérer ce genre d’élément de fantasme dans une histoire sérieuse et réaliste, tombe totalement dans la stigmatisation de l’homme homosexuel comme sexuellement frustré, soit prédateur incapable de contenir ses pulsions, soit passif « en manque » qui ne peut être comblé qu’en se laissant totalement aller. Le personnage principal, violé assez brutalement alors qu’il est ivre, ne fait aucun cas de ce viol qui est même présenté comme bénéfique pour lui, comme un acte libérateur qui va lui permettre d’accepter son homosexualité…
Des points négatifs qui risquent malheureusement de gâcher l’histoire à pas mal de lecteurs, ce qui réduit considérablement l’intérêt de ce titre et nous prouve une fois de plus que certains fantasmes, s’ils ne sont pas traités comme il le faut, ne se marient décidément pas bien avec les histoires qui se veulent sentimentales et complexes !