Dessinateur : Kon Satoshi
Scénariste : Kon Satochi
Éditeur : Pika Édition
Collection : Graphic
Genre : Aventure, Fantastique
Public : + 14 ans
Contenu : 224 pages
Sortie : 9 septembre 2020
Prix : 18€
Statut de la série : Terminée en 1 tome
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Résumé
Il y a bien longtemps, un prêtre shintô de la ville portuaire d’Amide a passé un pacte avec une sirène. En échange de la protection et des soins qu’il apporte à l’œuf de la sirène, cette dernière assure la prospérité aux pêcheurs. Mais la construction d’un complexe touristique de grande envergure va mettre à mal ce pacte…
Notre critique
Dans cette œuvre poétique, on retrouve la nature, le fantastique ainsi que la tradition, mais également la modernité. Cette histoire reflète bien les questions que ce sont posés les Japonais dans les années ’70 concernant le développement de leur pays. La modernité doit-elle se faire au détriment de la nature et des traditions?
Ici, ces interrogations se présentent sous la forme d’un projet de complexe touristique dans une petite ville de pêcheurs, qui vit selon les traditions. Des promoteurs avides transforment la petite ville et c’est la fin des petits commerces et des artisans, car leurs logements sont rachetés par la société Ozaki. Ces promoteurs ont le soutient du prêtre shintô de la ville, qui est également le père du héros, Yôsuke. Mais, il y a bien longtemps, un ancêtre de la famille de Yôsuke a passé un pacte avec une sirène : en échange de soins apportés à l’œuf de cette dernière, la mer assurera une bonne pêche aux habitants de la ville. Le père de Yôsuke pense que ce sont des légendes et c’est donc son fils qui s’occupe de l’œuf. Lorsque l’existence de l’œuf va se savoir, les masques vont tomber et le chaos va s’abattre sur la ville d’Amide et ses habitants.
Le père de Yôsuke est prêtre shintô, et donc gardien de la tradition. Il est une sorte de lien entre la nature et les êtres humains. Cet homme pourtant ne croit pas aux légendes et optent plutôt pour faire entrer la ville dans la modernité, pour le confort de ses habitants. A sa façon, il veut aider ses voisins. Il s’allie donc à des promoteurs avides, car il pense que leur but est de moderniser la ville pour le bien de tous. Sauf que eux, ce qui les intéresse ce sont les bénéfices que leur apporteront ce complexe touristique, avec ses cours de tennis et ses hôtels. Yôsuke est un adolescent tiraillé entre l’opposition de son père et de son grand-père. Le premier voit en la modernité l’avenir de la ville, tandis que l’autre veut respecter les traditions et le pacte passé avec la sirène. D’ailleurs, il est prêt à risquer sa vie pour ce pacte. Quand il a connaissance de l’existence de l’œuf, Monsieur Ozaki fait tout pour l’avoir, afin de l’étudier et de voir ce qu’il peut en tirer. Car il a vu de ses propres yeux le pouvoir de l’œuf : il peut soigner des blessures ou encore guérir des maladies, comme le cancer… Il a donc plein d’autres projets pour cet œuf, plutôt que de le rendre à sa propriétaire, la sirène.
Les sirènes existent aussi dans la mythologie japonaise. Ce sont des créatures marines, mi-homme, mi-singe, mi-poisson réputées pour leur chant et répondant au non de ningyo. Ces sirènes sont les gardiennes des fonds marins et malheur sur celui ou celle qui leur fera du mal ou si l’une d’elles vient à disparaître. Leur œuf est donc d’une grande valeur et c’est une énorme confiance qu’elles placent en les hommes pour en prendre soin. D’ailleurs, dès le début des travaux du complexe touristique sur la petite île de Kamijima, qui abrite un sanctuaire dédiée aux sirènes ainsi qu’une réserve d’oiseaux sauvages, la mer se tarit et c’est bredouilles que les pêcheurs reviennent au port.
Satoshi Kon est un grand nom de l’animation. Il a réalisé de longs métrages comme Paprika, Tokyo Godfather ou encore Perfect Bue. En 1990, il sort sa première longue histoire avec Le Pacte de la Mer. A la fin de cette édition, on retrouve une préface rédigée par lui-même en 1999. Mais la mort emporte cet homme talentueux très jeune, à l’âge de 46 ans… On trouve également une préface de Jean-Pierre Dionnet, co-créateur de la maison d’édition Les Humanoïdes associés et de la revue Métal Hurlant, tous les deux consacrés à la BD fantastique. Pour ses 20 ans, Pika Edition donne une une nouvelle identité visuelle à Pika Graphic, afin de permettre aux univers graphiques de leurs auteurs de s’exprimer pleinement au travers d’illustrations pleine pages par exemple. A la fin du volume, on découvre une galerie d’illustrations, qui permettent de savourer pleinement la qualité du dessin et toute la poésie que dégage cette œuvre magnifique.