Dessinateur : Billy Balibally
Scénariste : Billy Balibally
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yaoi
Genre : Yaoi, romance
Public : Public averti
Contenu : 186 pages
Sortie : 23 mai 2019
Prix : 8,99€
Statut de la série au Japon : one shot
Acheter Site officiel
Résumé
“Chaque soir, Kazushi est assaillit par un cauchemar lié à son enfance. Terrifié, il refuse de se laisser aller à dormir. Un jour, alors qu’il est exténué, il découvre que la belle voix de son collègue, Wabuka, le berce tant qu’il ne peut s’empêcher de s’assoupir en l’entendant. Wabuka lui fait alors une étrange proposition : emménager avec lui. Une étonnante colocation commence…“
Notre critique
Bien que le postulat paraisse un peu fade de prime abord, voici un yaoi one shot qui ne manque pas de charme.
On est d’emblée séduit par les deux protagonistes de ce récit empli de tendresse. Bien que ne travaillant pas directement ensemble, Kazushi et Wabuka parviennent très rapidement à s’entendre et ce bien qu’ils semblent très différents. La confiance calme et résolue de Wabuka est plus que bienvenue dans la vie de Kazushi qui endure ce cauchemar depuis l’enfance, en dépit d’un suivi psychologique. Sa fatigue est telle dans les premiers temps qu’il s’abandonne en toute confiance à la bienveillance de son collègue. Bien qu’ayant quelque idée derrière la tête, ainsi qu’il l’avouera lui-même, Wabuka se conduit d’abord en ami. Grâce à lui, Kazushi reprend goût à la vie, au sommeil réparateur et fait même évoluer son état : lors des nuits passées dans les bras de Wabuka, bercé par sa voix, il voit son cauchemar changer, évoluer et lui révéler des éléments jusqu’alors inconnus. Peu à peu, la vérité se fait jour : ce rêve n’est autre qu’un souvenir lié à un évènement traumatisant de son enfance. Le soutien de Wabuka se mue en affection d’abord rejetée par un Kazushi pris au dépourvu, trop soucieux de se comprendre lui-même jusqu’à ce que la réalité s’impose : lui aussi est tombé amoureux de Wabuka !
Mais les choses ne s’arrêtent pas là car avant de vivre leur romance paisiblement, Kazushi devra régler son problème psychologique et affronter le chagrin de son père, tourmenté lui aussi par ce passé commun.
Si on peut trouver un peu déroutant de voir leur amitié naissante glisser si rapidement vers un amour réciproque, les aveux sincères de Wabuka qui avait déjà remarqué Kazushi avant qu’ils se rapprochent soudainement atténuent un peu cet aspect négatif de la narration. Le récit se cristallise autour de Kazushi et de ses troubles mentaux, ce qui évite de sombrer dans quelque chose de fade. Les deux personnages sont sympathiques et l’ensemble de déroule avec une bonne fluidité. Par sa finesse et sa simplicité de mise en avant des blocages de Kazushi comme du secours affectif apporté par Wabuka, Orpheus of Midnight évoque un schéma réussi, proche des structures du shojo. La relation amoureuse homosexuelle est décrite comme allant de soi, au même titre que n’importe quelle relation, ce qui est rafraîchissant. Finalement, le lien père-fils de Kazushi pose plus de problèmes que son union avec un homme !
Point fort de ce titre, le graphisme sublime cette narration si calme et tendre. Le chara-design a beau être classique, le soin apporté aux traits, à la mise en beauté des protagonistes, aux expressions qui relaient toute la subtilité des sentiments, fait monter la qualité d’un cran. La mise en cases s’attarde sur les points forts du récit, accentue les moments clés, relationnels ou psychologiques, et le travail des arrières plans impose des atmosphères changeantes en parfaite adéquation avec le propos.
Servi par un graphisme de superbe facture, Orpheus of Midnight est une belle balade dans le cœur de personnages complexes et attachants.