Dessinateur : Andrès Vera Martinez
Scénariste : Na Liu
Éditeur : Urban China
Collection : Aucune
Genre : Documentaire, Historique
Public : Tout Public
Site officiel : Urban China
Sortie : 12 juin 2015
Prix : 15€
Statut de la série : Terminée en 1 tome
A travers le point de vue de la petite Na Liu, nous voici plongés dans la Chine des années 1970, au cœur de la grande ville de Wuhan, au centre du pays. Surnommée Da Qin, elle nous convie à partager son quotidien d’alors, entre le plaisir d’aller à l’école et les jours assombris par quelque chose qu’elle ne comprend pas comme le décès du président Mao, le grand-père de tous les petits chinois qu’elle n’a pourtant jamais vu, la corvée de certains devoirs, l’apprentissage de ce que fut l’enfance de ses parents et la compréhension de l’importance d’une assiette pleine qu’il faut finir, du respect de certains animaux et pas d’autres, des festivités nationales nourries de légendes… Et le choc parfois cruel entre ce qu’est sa réalité et celle, plus rude et cruelle, des enfants qui vivent à la campagne.


Recueil de huit histoires courtes qui sont toutes issues des souvenirs personnels de la scénariste Na Liu, Petit Canard Blanc illustre à la fois la Chine de 1976 mais aussi le chemin parcouru par ses habitants pour en arriver là et celui, plus long encore, qui se profilait devant eux.
La politique de l’enfant unique, la chance d’aller à l’école pour Na Liu comme pour ses parents, les épreuves que tous deux ont traversé pour approcher une vie meilleure, au prix d’un dur labeur, du rejet familial ou encore de lourdes opérations. On approche la réalité d’un peuple au sujet duquel nous sommes encore trop souvent bercés de préjugés et de gros clichés. A travers les souvenirs et le point de vue innocent d’une enfant, Na Liu restitue une société qui abordait doucement mais sûrement une révolution économique, politique et sociale devant aboutir à ce que l’on connaît aujourd’hui.
Pour autant, notre guide étant une petit fille, Petit Canard Blanc reste gai, naïf, tendre et s’adresse à tous les publics.
Le dessin de Andrès Vera Martinez reflète une sorte de mixité graphique intéressante et équilibrée, à mi-chemin entre le comic book, le manhua et la BD occidentale. Les visages des enfants manquent parfois un peu de douceur mais ce n’est que pour mieux mettre en avant les expressions et donc les émotions des personnages. Les décors accrochent immédiatement : ils sont très présents, illustrent la sobriété et parfois la pauvreté des structures d’alors, même en ville. Malgré tout, la beauté des paysages de la Chine, de ses ornementations (temples etc…), de ses monuments publics est puissamment installée.
La mise en scène est dynamique et sert le scénario tandis que les couleurs s’acharnent à demeurer dans les mêmes tons, majoritairement dominés par le vert, la terre et l’ocre.
Urban China élargit encore le propos de son catalogue visant à une découverte exhaustive de la Chine d’hier et d’aujourd’hui à travers des ouvrages d’exception. La qualité éditoriale, au-delà du choix même de ce titre, est au rendez-vous, d’autant plus que nombre de clins d’œil culturels sont explicités par des annexes sobres mais claires.
L’univers de l’enfance, oscillant toujours entre rêves éveillés et réalité est bien retranscrit dans Petit Canard Blanc, offrant une immersion dans ces souvenirs que Na Liu nous fait partager sans fausse pudeur et avec beaucoup de générosité.
Points forts :
- Témoignage d’enfant, réalisme et sobriété
- Point de vue historique sur la Chine
- Chaque chapitre est un souvenir
- L’ensemble est cohérent et accessible à tous les lecteurs
- Graphisme réaliste et dynamique
- Expressionnisme des visages
- Édition française de qualité
Points faibles :
- Le tracé des visages est parfois un peu grossier
Verdict : Un Très Bon Tome !!!