Critique Manga
Notre critique de Sous le linceul de la mariée
Dessinateur : Sagan AkagawaScénariste : Sagan Akagawa
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yaoi
Genre : Yaoi, fantastique, drame
Public : Public averti
Contenu : nc
Sortie : 3 mars 2023
Prix : 9,35 €
Statut de la série au Japon : oneshot
Après un épouvantable conflit autour de la succession familiale, la cérémonie de mariage du plus jeune frère, devenu chef de famille, a lieu dans une ambiance austère. Le visage de la mariée caché de tous sous un voile épais lui vaut le surnom d’ « épouse sans visage ». Mais ce que tous ignorent est que celle qu’il étreint au soir de leur nuit de noces a tout de son demi-frère plus âgé, présumé mort…
Sous ses francs accents Clampesques, ce oneshot a beaucoup de charme, armé d’un récit plutôt dense mêlant fantastique, complot et romance.
On comprend d’emblée qu’un drame s’est récemment produit alors que l’on parcourt les premières pages. Et on est interloqués de découvrir que la lutte fratricide supposée et poussée à l’extrême par les partisans de l’un ou de l’autre camp a mené à la mort de l’un des héritiers… que l’on retrouve pourtant bien vivant sous le voile de la mariée !
À l’évidence amnésique, ce grand-frère, tenu au secret comme une épouse défigurée qui souhaite rester à l’abri des regards, est un mystère. Il semble persuadé d’être une épouse, une femme, et s’en remet entièrement à Jin, son « mari ». Mais les jours passent, l’entourage proche du tout jeune chef de famille s’interroge et le secret pourrait bien être éventé.
Accaparés par leur bonheur naissant, les époux osent être moins discrets. Les domestiques et même la mère du frère aîné toujours considéré comme mort ont des doutes. De son côté, celui-ci commence à se rappeler de petites choses et prend chaque jour un repas bien étrange. L’ombre de Li Fan, celui qu’il était, revient peu à peu.
Jin prend alors le risque de parler de ce Li Fan disparu, de l’amour qui les unissait, et des circonstances qui ont conduit à sa mort… puis de son retour à la vie grâce à un homme mystérieux. Un flash-back nous conte l’amour interdit que Li Fan nourrissait pour Jin sans savoir combien cet amour était réciproque. Décidé à ne jamais rien avouer à son demi-frère, il déjoua un complot visant Jin et, ce faisant, mourut. Mais le cadet refusa cette perte et se tourna vers un acte de désespoir pour le faire revenir.
Sa mémoire revenue, Li Fan comprend que son amour était partagé depuis toujours. Les deux faux époux s’engagent alors sur un chemin sans retour, entre amour fou et sang versé. Pour aider son demi-frère une fois encore, Li Fan fait encore face à la mort…et se relève encore et encore ! Mais qu’est-il devenu ? Qu’est-ce que Jin lui a fait ?
Le suspense est bien gardé et se dénoue au fil des pages, suivant un rythme de révélations bien séquencé. On savoure ce récit plein d’amour interdit, de pudeur, de secrets et de complots dans un contexte de Chine médiévale. Le scénario est très riche et on apprécie d’être lentement et méticuleusement menés vers une fin heureuse mais mouvementée. Les personnages principaux sont sympathiques, on aime suivre leur parcours. Tout autour d’eux, d’autres protagonistes entrent en scène progressivement pour nourrir l’histoire.
Le style graphique rappelle inévitablement Clamp et certains titres tels que XXX Holic. Tracés fins, élégants, jeu équilibré entre noir et blanc, soins du détail dans les costumes, les décors, visages expressifs, chara-design très « chinois » pour bien ancrer le récit dans un environnement précis, mise en scène millimétrée : c’est un beau manga.
Sous le linceul de la mariée révèle pleinement la signification de son titre au fil de son récit, pour le plus grand plaisir du lecteur.
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