Critique
Notre critique de The Caligula Effect : Overdose
Published
4 ans agoon
By
Lia

Développeur : Furyu
Genre : RPG
Version testée : PlayStation 4
Autre supports : Switch, Steam
Langue : Textes en anglais, voix en japonais
Classification : + 12 ans
Sortie en France : 15 mars 2019
Taille d’origine : 14,3 Gb
Prix moyen : 49,99€
Sorti en 2016 au Japon sur PS Vita, The Caligula Effect, malgré un bon chiffre de ventes la première semaine de sa sortie, avait reçu des avis assez mitigés. Acclamé pour ses idées novatrices, ce RPG « Persona-like » cumulait malheureusement trop de soucis techniques pour conquérir son public. Il revient aujourd’hui sur PS4 et Nintendo Switch dans un remake intitulé The Caligula Effect : Overdose avec de nouveaux personnages, un gameplay revu et de nouvelles routes scénaristiques à explorer.
Vous incarnez un lycéen – ou, première spécificité du remake, une lycéenne ! – qui menait une vie paisible bien que tourmenté par certaines inquiétudes jusqu’à ce qu’il assiste à un phénomène étrange : un élève de son lycée dont le visage devient subitement totalement difforme. Il réalise alors que l’endroit où il se trouve n’est pas la réalité mais une sorte de monde artificiel nommé Mobius et régi par une « Virtual Doll » appelée μ (lire « Myu »). Elle aurait créé ce monde afin que les âmes tourmentées y mènent une vie tranquille et sans conflits, privés de leurs souvenirs du monde réel après un petit lavage de cerveau lié aux chansons de μ.
À présent que votre avatar s’est rendu compte de la supercherie, il va rejoindre le « Go-Home club », un groupe d’élèves s’étant comme lui libérés du lavage de cerveau de μ et cherchant par tous les moyens à rentrer chez eux. Il fait également la connaissance d’Aria, une autre Virtual Doll qui lui apprend que μ a perdu la raison, et qui va aider les membres du Go-Home club en leur conférant des pouvoirs pour se battre contre les Digi-head, surnom donné aux élèves envoûtés par μ qui les attaquent pour rétablir l’ordre. Pour trouver et raisonner μ, ils vont chercher à affronter les Ostinato Musicians, un groupe d’excentriques à la solde de μ qui composent les chansons qu’elle chante pour laver le cerveau des élèves.
Vous progressez ainsi dans le jeu en traversant des sortes de donjons (le monde de Mobius transformant chaque lieu en véritable labyrinthe) jusqu’à atteindre l’Ostinato Musician caché au bout pour l’affronter. Entre chaque zone, vous aurez également la possibilité de parler à vos coéquipiers afin d’assister à de petites scènes à la manière d’un Persona, débloquées en montant le niveau d’amitié de ces personnages et durant lesquels vous aurez des choix de réponses à faire pour les aider à résoudre leurs problèmes.
Et parce que l’union fait la force, vous pourrez durant vos explorations aborder les élèves du lycée qui déambulent dans les donjons sans se douter de rien, afin de leur parler et vous lier d’amitié avec eux. Une fonction intéressante sur le papier, mais assez peu travaillée au final : tous les PNJ se ressemblent et sortent les mêmes discours, et même s’il est possible de les faire participer aux combats, ils ne sont que des clones moins puissants de vos équipiers du Go-Home club. On se passera donc assez facilement de cet aspect du jeu, qui servira uniquement pour les quêtes annexes que chaque PNJ (plus de 500 !) vous proposera avec récompenses à la clé.
Bien entendu, parcourir les diverses zones de Mobius ne sera pas une promenade de santé, et vous aurez affaire à de nombreux ennemis disséminés partout dans les donjons. Le gameplay, assez novateur, propose des combats en tour par tour avec une particularité : vous disposez du pouvoir de voir quelques secondes dans le futur avant chacune de vos actions, et de modifier le timing de vos attaques ou parades en fonction de ce qui va se passer.
En gros, vous choisissez une action (attaque, technique, bouclier, etc.), puis le jeu vous donne un aperçu de votre personnage en train d’effectuer cette action. Si vous voyez que l’ennemi fait un bouclier pour contrer votre attaque, vous pouvez revenir en arrière et choisir une technique brise-garde, par exemple. Vous pouvez également ajuster le timing de votre attaque, par exemple pour éviter un tir ennemi ou vous protéger d’une attaque qui arriverait deux secondes plus tard.
On a ainsi quelque chose d’assez original et plutôt prenant, mais qui demande une certaine patience ! La tentation de sauter les phases de preview pour aller plus vite est grande, d’autant plus que calculer les mouvements de vos quatre personnages actifs demande pas mal de concentration pour tout accorder avec les attaques des autres. Vous avez en outre pas mal de paramètres à prendre en compte durant les combats : certaines techniques peuvent envoyer l’ennemi en l’air ou le mettre à terre, et d’autres techniques ne sont réalisables que dans ces moments-là ! À vous donc de bien préparer à l’avance vos combos…
Le résultat laisse donc assez mitigé. D’un côté, ce gameplay offre pas mal de possibilités stratégiques intéressantes et une bonne part de challenge. D’un autre, il n’est pas évident à prendre en main, surtout durant les premières heures de jeu, et il risque de vite vous faire perdre patience. Heureusement, un mode de difficulté Facile existe pour ceux qui voudraient vite avancer dans l’histoire sans perdre de temps : les combats sont alors très simples, vous pouvez laisser vos coéquipiers attaquer automatiquement, et vous aurez juste à faire attention au timing des boucliers ennemis pour vos attaques à vous – ce qui devient vite un réflexe.
Que vous jouiez en facile pour aller vite ou en une difficulté plus avancée pour vous mettre à l’épreuve, les combats sont plutôt dynamiques et amusants. Ils sont surtout l’occasion de profiter des excellentes musiques qui passent durant les explorations de donjons ! Chaque zone est attribuée à un Ostinato Musician qui diffuse sa musique dans tout le donjon, en instrumentale pendant vos déplacements, tandis que μ chantera les paroles dès que vous entrez en combat. Un remix vous attend également durant le combat contre le boss : une bonne raison de prendre son temps pendant l’affrontement !
La musique, c’est un peu le point fort de The Caligula Effect. La Virtual Doll μ est une référence flagrante à la diva virtuelle bien connue Hatsune Miku – bien que μ dispose d’une vraie voix, celle de la doubleuse Reina Ueda – et tous les Ostinato Musicians ont été créés à l’image de compositeurs bien connus des amateurs de musique Vocaloid ou des jeux de la série Project Diva. Parmi eux, OSTER Project (Koisuru VOC@LOID, Colorful x Melody), 164 (Ama no Jaku), ou encore cosMo@Bousou-P (The Disappearance of Hatsune Miku, Sadistic.Music∞Factory) pour Thorn, la chef des Musiciens. Chaque compositeur est à l’origine d’un morceau totalement original associé à son personnage et chanté par μ durant les combats du jeu.
Les deux nouveaux venus de ce remake sont les talentueux DECO*27 (Streaming Heart, Ghost Rule) pour le personnage de Stork et Pinocchio-P (Arifureta Sekai Seifuku, SLoWMoTIoN) pour Kuchinashi.
On a ainsi une bande-son dynamique et variée qui change à chaque zone, avec des pistes très réussies et bien dans le style de chaque compositeur. Le doublage des personnages est également très bien réalisé.
Si vous avez déjà joué au jeu original sur PS Vita, rassurez-vous : il ne s’agit pas là d’un simple remake, et les ajouts concernant le scénario sont nombreux ! En plus de pouvoir incarner un avatar féminin, le Go-Home club comptera deux nouveaux membres : Eiji Biwasaka, directeur d’une compagnie dans un corps d’adolescent, et Ayana Amamoto, une jeune fille avec une haine incontrôlable envers le genre masculin ! Tous deux s’immiscent parfaitement dans l’histoire, participant aux dialogues et aux combats, de manière à ce qu’on ne devinerait vraiment pas qu’ils n’étaient pas présents dans le jeu original.
Vos ennemis comptent également deux nouveaux membres : Stork, l’excentrique avec une passion pour le voyeurisme, et l’énigmatique Kuchinashi. Bien sûr, ils possèdent tous deux leur propre zone et leur propre musique, ce qui rajoutera quelques heures bien sympathiques en plus à votre aventure.
Mais le rajout le plus intéressant de ce remake est la possibilité, à partir d’un certain point de l’histoire, d’incarner vous-même un Ostinato Musician et de rejoindre le camp ennemi ! Après avoir terminé le troisième donjon, vous êtes en effet interpellé par Thorn, leader des Musiciens, qui vous propose de découvrir leur point de vue. Vous pouvez bien sûr refuser et expérimenter uniquement l’histoire originale du côté du Go-Home club, mais il faut savoir que votre choix ne vous engage pour l’instant à rien.
En acceptant la proposition de Thorn, vous prenez l’apparence de Lucid, mystérieux Musicien invisible et donc totalement méconnaissable. Entre les différents chapitres de l’histoire principale, vous serez contactés par Thorn pour participer à une courte mission contre le Go-Home club, assisté par les autres Ostinato Musicians qui rejoignent alors votre équipe pour l’exploration et les combats. Puisque seules Thorn et μ connaissent votre véritable identité, vous pouvez mener un double jeu sans que personne n’en sache rien et profiter des deux facettes de l’histoire à tour de rôle, jusqu’à la fin du jeu où il vous faudra décider quel camp rejoindre pour de bon.
Ces phases de jeu du côté des Musiciens apportent un grand vent de fraicheur à l’histoire et augmentent considérablement la durée de vie du jeu. Vos techniques, équipement et niveau restent les mêmes, mais vous disposez de coéquipiers différents avec leur propre arsenal de commandes. Et, comme pour les membres du Go-Home club, vous aurez accès à un scénario par Musicien pour découvrir leur histoire ! En tant que Musicien vous-même, vous disposez d’une chanson (composée par Utsu-P) que vous pourrez passer dans les donjons – à moins que vous ne préfériez diffuser à la place la chanson d’un des autres Musiciens, au choix.
En plus des ajouts de l’histoire, The Caligula Effect : Overdose a eu droit à des améliorations de gameplay, notamment dans les menus de combat, bien plus sobres. On dispose également de la possibilité d’afficher la carte complète de la zone à l’écran, ce qui évite de se perdre dans les couloirs de Mobius et d’avancer rapidement vers son objectif.
Néanmoins, certains points n’ont pas été améliorés et c’est bien dommage car c’est peut-être justement les aspects qui avaient le plus besoin d’être revus. Alors que les personnages ont un chara-design intéressant, leur apparence est totalement gâchée par des graphismes vraiment bas de gamme avec des modèles en 3D assez cheap : pratiquement pas d’animation faciale, des mouvements peu naturels, etc. Les déplacements ne sont pas fluides, vous traversez les PNJ en voulant leur parler, et les mouvements de vos personnages durant les combats sont aussi ridicules que confus… ce qui, allié à un tel gameplay basé justement sur les mouvements des persos, donne un résultat assez fouillis.
Tout l’aspect de communication avec les PNJ reste ennuyeux à mourir, de même que les explorations de donjon, linéaires au possible et sans grande surprise. Seules les musiques passées pendant l’aventure rattrapent un peu le coup et évitent de trop se lasser, mais sans cela, la progression n’est pas très palpitante.
En résumé, The Caligula Effect : Overdose propose une histoire réellement intéressante et prenante, avec des personnages très sympathiques ; sorte de Persona dans un univers à l’inspiration Vocaloid, avec fins alternatives et possibilité de changer de camp. Son gameplay original offre une expérience assez unique, mais les divers soucis techniques et graphiques rendent l’expérience de jeu malheureusement un peu fade, en plus d’exiger un effort de concentration en début de jeu pour comprendre les trop nombreux paramètres du gameplay (pourtant simplifié dans Overdose). Il faut passer les 4 ou 5 premières heures de jeu très linéaires avant de véritablement entrer dans l’histoire et s’habituer au gameplay, après quoi la progression se fait de manière un peu plus amusante avec des musiques très dynamiques en fond et des scènes tantôt drôles, tantôt dramatiques et des personnages originaux et complexes.
Fan de mangas en tout genre avec un goût prononcé pour tout ce qui sort de l'ordinaire et un faible pour les histoires fantastiques.
