Dans la catégorie des mangas « glauques » déjà bien représentée chez Pika Edition figure Jusqu’à ce que nos os pourrissent, la première série de Yae Utsumi. Ce manga terminé en 7 tomes débute par une scène qui permet de découvrir que 5 adolescents se regroupent depuis plusieurs années à la même date devant un cadavre, mais qui est-il ? Nous ne le savons pas, nous savons juste que ce crime a été commis par les 5 amis. Et pourquoi ? Aucune idée non plus.
Très vite, l’auteur nous entraîne dans un tourbillon de soupçons, de malaises, d’humiliations et de contraintes. Il ouvre différentes portes, différentes conclusions. Et il brouille ces pistes avec une aisance déconcertante.
Le scénario est bien ficelé, solide et palpitant. L’intrigue s’installe rapidement, ce qui permet de ne pas avoir de moments de latence. Un plus pour cette série.
Nous découvrons rapidement qui est le squelette, la raison de son assassinat et cela n’a presque pas d’importance car l’ouragan d’événements qui suit nous emmène dans une histoire plus profonde, plus noire, plus lourde de conséquences que la mort du père de Shintaro. Entre amours cachés, non-dits et rancunes, la motivation de chacun diffère largement.
Peu de temps après leur 5ème serment, le squelette disparaît et un maître chanteur apparaît ! Ce dernier menace de dévoiler leur secret, c’est alors que les épreuves malsaines commencent : ils vont devoir découper des cadavres en morceaux, enterrer les restes, se mettre nu les uns devant les autres, et sans même s’en apercevoir, devoir aller de plus en plus loin sans avoir de retour en arrière possible.
Comme expliqué précédemment, l’auteur nous embrouille car nous savons que Shintaro est amoureux de Tsubaki et qu’il y a réciprocité, mais alors, pourquoi Tsubaki sort-elle avec Akira ?! Qui de plus ne la traite pas correctement. Nous apprenons alors que Tsubaki est responsable d’un acte que Shintaro n’arrive pas à pardonner, et que pour les protéger, elle entame une relation contraignante avec Akira.
Tous les personnages sont bien exploités, nous connaissons leur vie ainsi que leur caractère et personnalité. Ils ont tous un rôle à jouer sans qu’il y en ai un qui soit mis de côté, et donc à aucun moment nous n’avons l’impression qu’un personnage n’a servi à rien.
Nous retrouvons également toute une part psychologique : est-ce acceptable ou non, qu’est-ce qui est possible d’être pardonné, quel choix est-il possible de faire pour sauver un ou plusieurs de ses amis, jusqu’où sommes nous prêt à aller par amour et ce même si l’histoire est empreinte de meurtre et d’actes abjects. Le questionnement au sujet de ce que nous sommes par rapport à nos actes est mis en évidence tout le long de Jusqu’à ce que nos os pourrissent.
Les dessins sont beaux, les traits du mangaka sont cohérents avec l’ambiance que dégage l’histoire, et les personnages ainsi que les arrières-plans sont agréables et bien détaillés sans pour autant être surchargés ou trop sombres et lugubres.