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Japon

Notre critique du tome 1 de « Overlord – Le Roi Mort Vivant »

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Critique Light Novel, Kugane Maruyama, Light Novel, Manga, Ofelbe, Overlord, So-bin,

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Illustrateur : So-bin
Auteur : Kugane Maruyama
Éditeur : Ofelbe
Collection : Big LN
Genre : Dark Fantasy, Action, Science-Fiction
Public : + 14 ans
Site officiel : Non
Sortie : 11 mai 2017
Prix : 21,90€
Statut de la série : En cours de publication

Il est bientôt minuit. C’est le dernier jour d’existence du jeu Yggdrasil, un DMMO-RPG au succès inclassable mais devenu obsolète pour ses exploitants. Seuls deux membres de la légendaire guilde Ainz Ooal Gown sont connectés. Le chef, Momonga, est un peu déçu de constater que ceux avec lesquels il a passé tant d’heures de jeu, qui ont créé la Guilde avec lui depuis les PNJ serviteurs et combattants au QG baptisé le Tombeau de Nazarick, n’ont pas pris la peine de les rejoindre pour un dernier adieu. Hélas, il sait très bien que, comme lui, chacun a sa vie et ses obligations le poussant à se lever tôt le lendemain matin. C’est d’ailleurs la raison invoquée par son seul compagnon présent pour se retirer, abandonnant celui qui incarne Momonga à la seule compagnie des PNJ pour assister à la fin d’Yggdrasil. Mais quelque chose ne fonctionne pas : au lieu d’être éjecté automatiquement du jeu passé minuit, « Momonga » est toujours là… Là, dans l’antre du Tombeau de Nazarick, dans la peau de son avatar, entouré des PNJ de la Guilde. Interloqué, il commence par interroger les serviteurs afin de comprendre ce qui se passe. Peut-être que la date ou l’heure du grand final a été changée ? Ou peut-être est-ce un bug ? Un piratage ? Les réponses obtenues restent vagues et ne l’aident pas beaucoup. Néanmoins, les réactions de certains PNJ tels qu’Albedo l’informent que quelque chose a changé : elle réagit différemment, suivant une caractéristique qu’il a lui-même ajoutée par amusement juste avant minuit. Peu à peu, la vérité s’impose à « Momonga » : il n’est plus dans Yggdrasil mais bien dans un monde inconnu qui a conservé tous les éléments créés et connus de la Guilde. Séduit par la perspective de cette nouvelle vie, « Momonga » imagine déjà que les pouvoirs de mage mort-vivant de son avatar, s’ils l’ont bien suivi dans ce monde, pourraient l’aider à le conquérir au nom d’Ainz Ooal Gown !
Original de la version manga éponyme sortie en France précédemment, ce premier tome du Light Novel d’Overlord tient les promesses avancées par l’éditeur Ofelbe.
Si le récit commence par faire écho au parti pris d’autres Light Novels à succès avec son contexte de DMMO-RPG, Kugane Maruyama a vite fait d’écarter ces ressemblances par un détournement malin qui situe en quelques pages son héros au cœur d’un évènement inédit du genre. Momonga ou celui qui portait ce nom dans Yggdrasil se retrouve à la fois prisonnier de son avatar mais surtout totalement immergé dans un autre monde. Coupé de ses repères et de son existence réelle comme de ses compagnons joueurs, il est seul face à un destin inattendu avec pour seules armes ses propres ressources.

Le jeu est-il en prolongement, en mutation ou effectivement disparu ? C’est un des premières questions cruciales qui s’invitent rapidement dans l’esprit du héros comme dans celui du lecteur. Et c’est avec ce personnage très particulier que l’on avance, pas à pas, à la découverte du nouveau contexte et de ses règles du (sur)vie. A mesure que les choses se mettent en place pour « Momonga », un but se dessine. S’il reste en pleine possession de tous les pouvoirs développés dans Yggdrasil et s’il peut compter sur la puissance armée et destructrice des PNJ de la Guilde, il n’a rien à craindre de ce nouveau monde. Mieux encore, il pourrait en devenir le maître !
La mission se définit avec ces certitudes plutôt rassurantes qui se font jour. « Momonga » est en position de force absolue et l’avenir lui appartient. Sa stratégie de conquête sera double : forger la légende du nom d’Ainz Ooal Gown de telle sorte que sa seule renommée suffise à inspirer la crainte donc le succès et, accessoirement, rallier ses anciens compagnons potentiellement devenus comme lui prisonnier de ce monde sans qu’il n’ait eu connaissance de leur connexion juste avant minuit. La Guilde ainsi reformée serait une maîtresse dont les petites gens appelleraient la protection tandis que les puissants combattants courberaient l’échine ou prêteraient allégeance et main-forte. Car il ne faut pas longtemps à notre héros pour comprendre que son nouvel environnement, si vaste soit-il, est en proie à de nombreux troubles provoqués par une lutte féroce entre différentes factions. Ainsi, la Théocratie de Slane et ses six factions dites les Six Saintes Ecritures mène une guerre ouverte à l’armée du royaume de Re-Estive et tous les moyens sont bons, même des attaques aveugles sur des villageois sans défense. Soucieux de démontrer sa force, « Momonga » sait profiter de l’occasion pour intervenir non comme sauveur mais bien comme puissant mage désireux de voir grandir sa renommée…
A l’évidence fan de Dark Fantasy attentif aux codes du RPG, Kugane Maruyama a su trouver un synopsis et l’équilibre harmonieux pour créer un contexte, un fil conducteur complexes mais clairement définis et mis en place autour d’un personnage phare plus qu’intriguant.
Héros charismatique qui se positionne d’emblée comme ancien leader de sa guilde et ne recule pas un instant face à son étonnante situation, il s’adapte rapidement, aidé par sa maîtrise du monde virtuel et pas ses nombreux atouts déjà acquis. Le temps passant, on apprécie que l’âme qui occupe désormais le corps de l’avatar Momonga revienne sur le peu de cas qu’il fait de sa situation. Il ne se considère pas un instant comme prisonnier d’un univers virtuel mais bien comme le bénéficiaire d’une nouvelle vie. Tout en élaborant ses stratégies pour cette existence renouvelée, il cherche à retrouver ses compagnons d’Yggdrasil qui auraient pu être comme lui projetés à une lointaine distance. Son challenge est alors double mais la stratégie est une : faire connaître le nom de la Guilde. A mesure que qu’il s’adapte, il réalise que l’état physique de son avatar, un mage mort-vivant à l’apparence de squelette, le prive peu à peu de toute émotion et de morale ou de conscience. Une explication qui se fond au récit et propose un lien crédible avec cette acceptation d’une situation qui en perturberait plus d’un. « Momonga » se souvient pourtant parfaitement de son ancienne existence, jusqu’à son véritable nom et ses expériences professionnelles lesquelles lui offrent des astuces et mécaniques de raisonnement bien utile pour parvenir à ses fins sans se trahir face à un tiers. On perçoit même que cela semble être un moteur dans sa quête : il aspire plus encore que lors de ses heures d’évasion dans Yggdrasil à vivre autre chose que sa triviale réalité.
A ce héros calculateur, un rien misanthrope et charismatique s’ajoute progressivement des alliés et ennemis bien conçus. Aux PNJ façonnés par et pour la Guilde, étonnants de par leur nature et l’histoire de leur création qui, brièvement décrite, en dit beaucoup, s’adjoignent peu à peu, des habitants du monde inconnu. Albedo la sainte démone, Demiurge le créateur de l’enfer, Cocytus le maître des glaciers, Aura et Mare les jumeaux dompteurs de mère nature, Narbeal Gamma la soubrette de combat, Shalltear la reine vampire… Chacun des serviteurs de la Guilde n’existe que pour sa protection et tous sont d’imparables combattants dont la dévotion envers « Momonga » est absolue. Ces authentiques personnages dignes d’un très bon jeu vidéo made in Asia inclus aisément dans une thématique à dominance Dark Fantasy sont saisissants. Le parti pris de départ se fond si habilement à ce tout autre contexte qu’on en oublie d’être un lecteur puriste réfractaire aux associations inédites. Les personnages rencontrés par notre héros lors de ses incursions hors du Tombeau de Nazarick reflètent mieux encore cette dualité complice. Les villageois désespérés et traqués par les pilleurs assassins stoppés par Momonga, le détachement de l’armée du royaume de Re-Estive mené par le redoutable capitaine Gazef, les mages des Saintes Ecritures et leur armée d’Anges, les conspirateurs Khajiit et Clémentine avec leur armée de morts-vivants, le jeune magicien Nfirea, la petite troupe d’aventuriers, le drôle de Roi sage de la forêt… La Fantasy donne le ton tout en incorporant ces êtres venus d’Yggdrasil et ne cesse d’élever le niveau général de la narration. Quel est l’autre monde ? Cela dépendra du point de vue de chaque protagoniste.
Un univers décapant et intriguant, des personnages surprenants, mais l’action n’est pas en reste car lorsque Momonga s’invite dans les troubles qui malmènent cet univers et le décime, loin de lui l’idée de sauver des pauvres gens sans défense. Seul son but prime, d’ailleurs, il rappelle qu’en d’autres temps, au cœur d’Yggdrasil, il était un Player Killer redoutable, or ces gens ne sont pour lui rien d’autre que de nouveau PNJ. Usant de sa magie et du soutien de ses serviteurs, « Momonga » teste sans relâche ses capacités héritées d’Yggdrasil ainsi que la redoutable puissance des soldats du Tombeau de Nazarick. L’écriture dynamique et fluide qui, jusque dans les combats, parvient à associer psychologie des personnages à la mise en avant des parties en lice et aux instants forts et clés des combats (épées, sorts fulgurants, poursuites à cheval, apparitions de soutiens invoqués….) s’attache à traduire suspense, fièvre des affrontements, enjeux stratégiques et vitaux avec rythme et fluidité. On vibre !
Un zest d’humour se glisse parfois dans les dialogues mais cela reste anecdotique et ne brise jamais la tension imposée par l’enjeu majeur du héros : survivre et conquérir. La mise en place des premiers éléments d’un récit qui se présente comme une saga avec 11 tomes déjà parus au Japon se fait avec florilège de détails permettant une plongée des deux pieds dans l’univers d’Overlord sans assommer ni égarer le lecteur qui, au contraire, vit chaque avancée de « Momonga » à ses côtés, dans son esprit, jusque dans ses os.

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(C) So-bin – Kadokawa Corporation 2012

Le travail d’illustration de So-bin, percutant et ajusté au récit, est à couper le souffle. Parfait reflet des descriptions textuelles, il met en valeur les caractéristiques de chaque protagoniste, met en image tout le charisme de « Momonga » qui prend désormais le nom de Ainz Ooal Gown ou maître de la mort. Ce futur roi squelette nous en met décidément plein les yeux ! La beauté éternelle d’Albedo et le mutisme boudeur de Narbeal se retrouve tout autant dans leur graphisme et on ne peut que saluer la poignante représentation des instants forts de chaque chapitre dans les illustrations qui les introduisent.

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(C) So-bin – Kadokawa Corporation 2012

Saluons ici le travail éditorial des éditions Ofelbe qui proposent une version française très soignée de ce premier tome avec une haute qualité d’impression sur une couverture légèrement cartonnée, mate où les couleurs du travail de So-bin explosent littéralement et accrochent d’emblée l’œil du lecteur. De même, le papier offre un rendu des couleurs et du trait de l’artiste à chaque chapitre comme dans les pages bonus de fin de volume, auxquelles sont associées deux pleines pages couleurs sur papier glacé en début et fin du livre. Quoi de mieux pour entrer dans le monde périlleux, mouvementé, sombre et fascinant d’Overlord que cette superbe éditoriale où même la typographie et la pagination sont soignées ?

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Ce serait une grave erreur de limiter ce titre à son adaptation manga, passage obligé suivant le succès éditorial tel qu’il est conçu au Japon. Overlord ne doit pas être réduit au spectre du public français fan de pop-culture nippone. C’est un vrai roman de Dark Fantasy qui sait mêler les codes classiques du genre à un réalisme omniprésent de jeu vidéo. Cette confrontation d’univers est une et indivisible, elle impose son héros comme l’inconnue qui vient bouleverser l’ordre établi, pour le meilleur ou le pire… Les connaisseurs ne s’y tromperont pas : l’ombre du Death Dealer de Frank Frazetta se profile aux côtés de Momonga, le mage squelette futur seigneur Ainz Ooal Gown !

Points forts : 

  • Association inédite de codes du DMMO-RPG et de la pure Dark Fantasy
  • Roman de Dark Fantasy qui s’adresse à tous, les fans du genre Fantasy y retrouveront tout ce qu’ils aiment 
  • Héros charismatique + + + 
  • Univers qui prend forme avec style et fluidité, intelligent et complexe 
  • Personnages très bien conçus, qui ont tous un rôle 
  • Action + + + 
  • Magie + + 
  • Combats + + + 
  • Suspense + + 
  • Écriture plaisante et limpide
    Illustrations fidèles au récit 
  • Qualité éditoriale optimale + + +



Points faibles : 

  • Néant 

Verdict : Un excellent tome !!!

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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