Dessinateur : Ryuhaku Nagata
Scénariste : Ryuhaku Nagata
Éditeur : Soleil Manga
Collection : Seinen
Genre : Horreur, Suspense
Public : Public averti
Site officiel : Aucun
Sortie : 27 janvier 2016
Prix : 6,99€
Statut de la série : En cours de publication
Dan Hibiki se réveille seul dans un dédale de couloirs envahis d’eau stagnante et de conduites humides qui courent aux murs et au plafond. Il ne se souvient de rien d’autre que son nom. Dans ses mains repose un objet insolite qui ne produit rien lorsqu’il en actionne l’interrupteur. Cherchant à comprendre ce qui lui arrive, le jeune homme explore les lieux… Et tombe nez à nez avec une très grande créature hideuse qui se jette sur lui ! Dan doit sa survie à l’intervention d’un homme costaud qui l’attrape et l’entraîne en lieu sûr. En sécurité, Dan constate que son protecteur n’est pas seul, qu’il fait partie d’un groupe. Une lycéenne, une jeune femme et un enfant se présentent et confirment ses doutes : ils sont tous prisonniers, à la merci de la créature. Leur seule chance pourrait résider dans l’objet étrange que tous possèdent désormais. Grâce à ce « trigger », chacun obtient un pouvoir qui agit un court instant mais peut aider à survivre. Mais pour passer en force et trouver la sortie de cet enfer, ils vont devoir faire équipe, user de beaucoup de courage et d’imagination !


Dès les premières pages, on a la sensation du déjà vu… mais plus on avance dans ce premier tome, plus on se laisse happer par ces abysses qui menacent d’engloutir tous les personnages !
Le succès puis la redondance de cette forme de scénario en a refroidi plus d’un. La mise en situation d’un groupe de gens qui ne se connaissent pas, qui sont enfermés dans un lieu inhospitalier et doivent parvenir à faire front commun face à un ennemi invisible ou très sournois, qui aime frapper dans l’ombre, c’est un terrain connu, dans le manga comme ailleurs.
On peut donc rapidement se dire que Ryuhaku Nagata n’a pas été chercher l’inspiration très loin et on retrouve même des éléments qui font écho aux plus grands films US mêlant horreur, SF et créature extra-terrestre mal-aimable. Certes… Mais le point fort des artistes qui s’attaquent à des codes aussi établis, à un schéma narratif surexploité, est de le réduire à un simple contexte favorisant la véritable originalité d’un récit. Ryuhaku Nagata parvient à installer les bases d’une histoire qui se détache du lot par l’introduction non d’un tueur sadique (du moins dans l’immédiat) mais de créatures affamées franchement repoussantes, de gadgets offrant des armes et des pouvoirs permettant aux protagonistes de se défendre ou d’élaborer des tactiques de diversion et de survie, d’une succession de situations qui alternent urgence, péril et réflexion à un rythme effréné qui ne nous laisse aucun répit. Nombreux sont les pièges tendus pour les personnages qui avancent autant qu’ils le peuvent dans leur sinistre prison et leur « trigger » n’est pas un sésame. Ils ne deviennent pas des super-héros. Les pouvoirs conférés sont temporaires et ne permettent le succès qu’une fois combinés. L’esprit d’équipe si cher à la culture nippone est la clé de leur réussite et si chacun donne son point de vue, on évite les disputes qui tournent court et précipitent les décès bêtes qui ont gâché tant d’histoires.

On admire la malice, la volonté et les trésors d’imagination dont fait preuve le héros, Dan Hibiki. Comme ceux qui le suivent et agissent de concert en suivant ses plans parfois peu convaincants et très risqués, le lecteur ne sait jamais vraiment ce qu’il va faire ou ce que les actions qu’il met en place vont donner. Le suspense est ainsi total et les rebondissements en parallèle de chaque action fonctionnent à merveille. C’est la grande force de ce premier tome qui se termine sur une note géniale qui appelle une suite immédiate aussi riche voir plus.
Petit bémol, l’action étant au cœur de la narration et le mystère devant demeurer pour le moment sur les vraies identités et raisons d’être là des protagonistes, on a un peu de mal à s’attacher aux personnages.
Le trait de Ryuhaku Nagata est bien adapté à son récit. Le chara-design manque un peu de finesse mais tous les personnages sont bien identifiés et les créatures font leur petit effet en couverture comme entre les pages ! L’atmosphère de huis-clos est puissante grâce à un travail attentif des arrières plans et des éléments de décor, accentué par un bon usage des trames et de l’encrage. Le séquençage des scènes d’action rend le rythme palpitant idéal du scénario de même que les rares moments de calme laissent planer une chute… horrifique.
Soleil manga nous propose un seinen d’horreur de bonne qualité générale, qu’il fait bon lire et découvrir, sous une jaquette qui joue des effets de matière, attire le regard.
On se laisse séduire par cet Abyss qui nous engloutit le temps d’une lecture magnétique tant on peine à lâcher ce tome 1 avant la fin.
Vivement la suite !!
Points forts :
- Un très bon seinen d’horreur
- Utilisation des codes du genre certes mais au service d’un récit original
- Mise en situation immédiate et efficace
- Personnages bien distincts, chacun a un rôle à jouer
- Suspense + + +
- Rebondissements + + +
- Action + + +
- Suite prometteuse
- Créatures ennemies qui en jette !
- Chara-design réussi
- Mise en scène palpitante
- Qualité éditoriale
Points faibles :
- Personnages encore peu développés en dehors de l’action immédiate
Verdict : Un Très Bon Tome !!!