Dessinateur : Koogi
Scénariste : Koogi
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yaoi
Genre : Yaoi, thriller, drame
Public : Public averti
Contenu : 192 pages
Sortie : 27 novembre 2020
Prix : 11,90 €
Statut de la série en Corée : Terminé en 4 tomes
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Résumé
“Bum Yoon, un jeune homme frêle et effacé, est sous le charme de Sangwoo, un camarade d’université très populaire. Le hasard les amène à effectuer leur service militaire dans la même caserne, et l’obsession de Bum pour Sangwoo en ressort grandie. Son besoin de l’alimenter se faisant de plus en plus pressant, par un après-midi comme un autre, Bum s’introduit chez lui… À cet instant, il est loin d’imaginer les conséquences que cet acte « amoureux » aura sur sa propre vie.“
Notre critique
L’éditeur Taifu tente véritablement d’étoffer son catalogue avec des titres de plus en plus atypiques. Surprenant et dérangeant à souhait, entre yaoi et franc seinen, le tome 1 de Killing Stalking ne rate pas son entrée.
Bum Yoon a tout du gars qui semble né pour être une victime. Son physique efféminé et fragile le destine à subir brimades et moqueries. Il paraît s’en accommoder tant bien que mal. Mais lorsque le jeune homme qu’il avait déjà remarqué lui vient en aide, le sentiment de reconnaissance de Bum vire à l’obsession totale. Il devient un stalker : il observe tous les faits et gestes de Sangwoo, le suit, l’épie.
Sa pathologie est telle qu’il trouve le courage de déjouer la sécurité du logement de Sangwoo pour pénétrer dans son intimité. Bien mal lui en prend : à peine entré dans ce qu’il imaginait être le havre de l’objet de son amour, Bum découvre que Sangwoo n’est absolument pas celui qu’il croit…
Cet étudiant si parfait, sociable, séduisant, gentil et attentionné fantasmé par Bum est en réalité un être de la pire espèce : un tueur en série !
Pris la main dans le sac par Sangwoo, Bum devient prisonnier de l’objet de sa passion. Sangwoo le séquestre et passe sur lui ses nerfs, sa frustration, sa colère, sa psychose et sa crainte d’être dénoncé. Le huis-clos ainsi installé concentre l’attention sur un couple étrange. Tandis que Sangwoo joue avec Bum, l’humilie, cherche à tester les limites de son adoration, en fait sa chose, le frêle stalker hésite. Est-il prêt à tout endurer pour son amour fou ou bien pourra-t-il tout risquer pour sauver sa vie ?
La guerre des nerfs et des psychologies est au cœur de ce récit digne des meilleurs thrillers. Un suspense grandissant et quelque peu sadique occupe bientôt tout le récit. Les deux personnages souffrent de fortes psychoses qui, à priori, ne sont pas faites pour se côtoyer.
L’histoire se déroule ici sous le regard de Bum. On apprend donc peu de choses sur l’état d’esprit de Sangwoo. Mais on peut échafauder bien des hypothèses. Le faible Bum parviendra-t-il à réaliser toute l’horreur de sa situation et à se battre pour survivre ? Toute la question est là tandis que le lecteur comprend que Sangwoo s’amuse à tester Bum, lui tendant des pièges pour mieux pouvoir le punir s’il se laisse tenter…
Il fallait l’oser, Koogi l’a fait !
Pour qui a lu « Misery » de Stephen King, Killing Stalking évoque le malaise qui vous prend aux tripes à chaque page. Autant vous dire que ce manwha n’est pas comme les autres et qu’il faut avoir les nerfs bien accrochés. Pas de romance dans ce yaoi mais une toute autre approche du concept de dominant-dominé.
Côté dessin, rien de magique mais un trait qui sert parfaitement le récit. Le chara-design s’accorde aux personnages et accentue le drame psychologique par des cadrages sur les visages diablement révélateurs de la situation. La mise en scène soutient un suspense mordant tout comme les arrières plans qui participent pleinement à cet angoissant huis-clos. L’édition grand format et tout en couleur ajoute un caractère unique à ce titre qui promet.
Très noir c’est très noir, ce tome 1 de Killing Stalking nous invite dans une relation hors du commun, entre « je t’aime, moi non plus » et « je t’aime, je te tues » vertigineux.