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Critique

Notre critique du tome 1 de Octave

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Dessinateur : Haru Akiyama
Scénariste : Haru Akiyama
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yuri
Genre : Yuri, romance
Public : Public averti
Contenu : 208 pages
Sortie : 12 décembre 2019
Prix : 7,99 €
Statut de la série au Japon : Terminée en 6 tomes

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Résumé

Yukino Miyashita est une ancienne idol. Après une très brève carrière avortée faute de succès durable, elle a tenté de retrouver une vie de lycéenne lambda. Mais c’était sans compter sur la jalousie et les préjugés des gens de son âge. Yukino abandonne alors ses études et quitte sa province une seconde fois pour retourner à Tokyo. Entrée dans la vie active à un poste de stagiaire dans son ancienne agence artistique, elle s’enferme dans la solitude… Un soir, elle rencontre Setsuko Iwai, elle aussi autrefois dans le milieu de la musique. Les deux jeunes filles se rapprochent, se découvrent, pour tomber amoureuses l’une de l’autre…

Notre critique

Dès ce premier tome d’Octave, Haru Akiyama met en place une romance sur fond plutôt cliché des dérives de l’industrie des idols et de l’ijime. Voilà qui pourrait manquer de finesse si l’on n’était peu à peu séduit par la fragile Yukino et la profondeur de sa psychologie.

D’emblée, le mal-être de Yukino est axé sur son expérience d’idol. Pleine de rêves et d’espoirs, la jeune fille était déjà friande de magazines et autres médias qui font l’économie de ce milieu. A 15 ans, elle a vu son rêve devenir réalité en rejoignant un girls band comme il en existe des dizaines.

Si le succès fut au rendez-vous des premières chansons, il ne se prolongea pas. Très vite, on comprend qu’en dehors des photos de plus en plus dénudées, son groupe ne faisait plus recette. Une seule des filles a ensuite persévéré et percé tandis que les autres retournaient à une vie plus normale. Mais pour Yukino, ce fut un enfer.

Dans sa province, les ragots allaient de pair avec les insultes à peine déguisées, le rejet de ses anciennes copines et autres plaisanteries graveleuses de la part des garçons. Excédée, Yukino a tout plaqué à 18 ans pour fuir sur Tokyo. Dénichant un stage mal rémunéré, elle vivote au quotidien sans autre espoir que de faire croire aux rares personnes encore proches d’elle que tout va bien.

Mais la vérité est qu’elle s’est enfermée dans sa solitude. Effrayée à la seule idée d’être encore associée à l’image négative de l’idol qui couche pour réussir, elle fuit les relations humaines et surtout les hommes.

Déprimée, malheureuse, Yukino vivotte mais sa rencontre avec Setsuko va tout changer. La grande jeune femme est sûre d’elle, belle, elle n’hésite pas à nouer des amitiés et même plus. Il ne se passe que quelques jours avant qu’elle n’invite Yukino chez elle et ne la séduise. Il faut dire que Setsuko semble lire en elle comme un livre ouvert. Cette impression qu’elle pourrait tout lui confier et trouver un cœur bienveillant conforte Yukino dans cette relation.

Des souvenirs lui reviennent régulièrement de sa vie d’idol, de cette amitié avec les autres filles du groupe qui, parfois, tendait vers quelque chose de plus. Mais elle n’y avait jamais vraiment réfléchi par le spectre de la sexualité. Son amour grandit jour après jour pour Setsuko, à mesure qu’elle prend conscience de son caractère exclusif. Mieux, elle accepte ses failles et reconnaît son mal-être, son absence d’espoir en l’avenir. A moins d’être auprès de Setsuko.

En fin de ce tome 1, Yukino a trouvé un but : être auprès de Setsuko.

Grâce aux flash-backs entremêlés au morne présent de son héroïne, Haru Akiyama met en avant le milieu artistique pop japonais avec négativisme et cynisme. A tort ou à raison mais ici très explicité, il est associé à une prostitution en chaussettes blanches qui vire parfois vers la pornographie consentie.

Le lecteur en viendra à se demander quelle image les japonais, et surtout les jeunes, ont du milieu du show business. A peine rentrée chez elle, Yukino est humiliée quotidiennement par des camarades ne voyant en elle qu’une fille facile, prête à tout pour réussir et qui a échoué. Jalousie, rancœur, envie, bêtise ? Traumatisée, Yukino semble ensuite fuir systématiquement toute relation avec les hommes, jusqu’à leur regard. Est-ce la raison de son attirance pour Setsuko ? Ou bien elle préfère les filles depuis toujours sans le comprendre ?

Il faut bien trouver la racine de l’homosexualité de Yukino quelque part. Donc Haru Akiyama a choisi son expérience ratée d’idol couplée à la cruauté puérile des jeunes de son âge. Pour ou contre, on se laisse aisément prendre au piège tant cette héroïne paumée est attendrissante.

Le dessin en revanche ne paie pas de mine. Il est franchement dommage que le trait de l’artiste ne soit pas plus élégant. Nombre de yuri attisent l’œil par la beauté de leur chara-design. Mais il faut admettre qu’Haru Akiyama n’a pas (encore) cette maîtrise.

L’ensemble tend vers le réalisme mais reste grossier, minimaliste et sans charme. Pourtant, les efforts sont là : les émotions sont bien transcrites sur les visages, la sensualité passionnée dans l’intimité des ébats est pleine de tendresse, le rare travail de trame pose les ambiances suivant les situations, les arrières plans enveloppent les scènes avec soin, variété et pas mal de détails. Enfin, la mise en scène qui allie passé et présent tout en soulignant les tourments de Yukino est un beau tour de force.

Ce tome 1 d’Octave réussit le pari de séduire un large lectorat par la force de sa mise en scène et le développé d’une héroïne attachante, paumée et hésitante en tout. On se laisse facilement happer dans par les prémices balbutiants d’une romance qui promet.

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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