Dessinateur : Haruyoshi Kobayakawa
Scénariste : Kogitsune Kanekiru
Éditeur : Ototo
Collection : Seinen
Genre : Fantasy, Action, Fantastique
Public : Public averti
Site officiel : Aucun
Sortie : 9 juin 2016
Prix : 7,99€
Statut de la série : En cours de publication
Kanata Tomokui est sauvagement assassiné au coin d’une rue par une fille qu’il croyait connaître. Pourtant, il reprend conscience et comprend qu’il est en vie mais dans le corps d’un nouveau né. Interloqué, il observe alentours, surpris tant d’avoir conservé sa personnalité et ses souvenirs de sa vie précédente que de se retrouver entouré d’autres nouveaux nés… gobelins ! En quelques jours, Kanata a déjà grandi et peut se déplacer, manger seul et décide que puisqu’il a droit à une seconde chance autant en faire quelque chose. Il prend connaissance des obligations de sa nouvelle nature, des étranges pouvoirs qu’il a développé, de sa communauté et rapidement, met à profit son expérience d’humain pour l’adapter à celui qu’il est devenu. En grandissant au fil des jours pour retrouver une apparence proche de sa vie antérieure, il va engendrer une grande transformation de la société des gobelins, lui appliquant des concepts et une morale tout en décidant de devenir un vrai chef que personne ne pourra ni n’osera défier. Ses meilleures armes : ses souvenirs et sa faculté unique lui permettant d’absorber les pouvoirs de tout ce qu’il mange !

Bienvenue dans le monde de Re :Monster, à mi-chemin entre le récit initiatique et l’immersion dans un jeu vidéo.
Mélange fragile et original, le scénario de cette série s’impose au cœur d’un nouveau genre de shonen-seinen déjà pris d’assaut par le paysage éditorial du manga. Vous savez, l’immersion dans le monde des jeux vidéo etc… On reconnaît au fil des pages de ce premier tome les règles de nombreux jeux de RPG surtout quand on choisit d’incarner autre chose qu’un humain.
Par un coup du sort, Kanata se réincarne dans la peau d’un gobelin mais garde conscience de qu’il était et de tout ce qu’il a appris au cours de sa précédente vie, comme s’il vivait dans la peau de ce gobelin pour un temps donné mais dans une sorte d’autre dimension. Pas mal trouvé, ce stratagème facilite la mise en place d’un récit initiatique pour ce héros qui n’a pas forcément un grand cœur mais reste pétri des valeurs de sa nature humaine. Malgré cela, il réalise rapidement que pour survivre dans son nouvel environnement et au cœur d’une telle tribu, il va devoir être à la fois le plus malin et le plus fort. Puisque de nombreux gobelins se ressemblent en tous points, le plus fort est celui qui utilise au mieux ses capacités et les développe suivant ses besoins.

Comme dans un bon RPG, Kanata gagne des points un peu partout, en force donc et en charisme, apercevant parfois des fenêtres spécifiant l’acquisition de nouvelles capacités. Grâce à cela et à une capacité unique qui lui confère un avantage, il s’allie à de solides compagnons, et devient peu à peu le plus fort de son groupe. Car pour établir un nouvel ordre et de nouvelles règles qu’il juge plus conforme à ses valeurs, il lui faut l’autorité. Si nombre de ses désormais proches acceptent ses ordres, il n’en va pas de même pour certains qui le paient cher.
Kanata sait être juste mais sa nouvelle nature de gobelin l’emporte dès lors qu’il faut recourir à la violence.
La baston est bien présente et toujours en accord avec l’évolution du personnage principal ou de son aventure. Chasser des proies de plus en plus difficiles, museler les ennemis ou ceux qui discutent son autorité, Kanata n’hésite pas longtemps à faire démonstration de sa force et sa cruauté est en grand opposition avec le reste de sa personnalité.
Contraste intéressant qui promet un héros nuancé et attachant au fil des prochains tomes.
Tous les protagonistes secondaires sont introduits avec un timing intelligent, depuis le frère d’arme un rien ballot jusqu’à la bonne copine qui pourrait devenir plus avec le temps en passant par le doyen, les prisonnières humaines qui deviendront de précieuses alliées ou les ennemis qui reçoivent la raclée méritée en temps voulu.
Le suspense est entretenu par le besoin que ressent Kanata de se faire une place d’importance au sein du groupe qui l’a vu naître, ne serait-ce que pour survivre et surtout ne pas subir une nouvelle mort injuste à ses yeux. La victime des premières pages devient combattante, conquérante, chef reconnu et un rien adoré… Il est surtout entouré de femmes.
L’équilibre entre action, ambiance dark fantasy et explications visant à installer les codes de ce récit et le cheminement intérieur du héros est ténu mais, pour ce premier tome, nécessaire. Le résultat est volume bien construit et mené par un personnage séduisant.
Le graphisme de Haruyoshi Kobayakawa assiste la narration sans faiblesse, adaptant le chara-design à l’évolution physique décrite, insistant sur l’évolution de Kanata en dessinant des corps robustes, des doigts griffus, des dents saillantes, des peaux foncées, des visages sévères, fermés, féroces, bref, très « gobelins ». La mise en mouvements des protagonistes reflète l’énergie de leur nature, pour les combats, la chasse, la survie, de même que la mise en scène et en cases nous entraîne dans les pas d’un Kanata conquérant en toutes circonstance et quel que soit l’ennemi.
L’aspect dark fantasy se retrouve dans la noirceur des sourires carnassiers du héros, dans la pluie de sang, dans l’ombre des cavernes, dans le sort réservé aux vaincus et aux prisonnières… Les arrières plans très riches habillent ce récit de fantasy avec ce qu’il faut de forêts denses et peuplées d’animaux, de grottes éclairées par des torches, de ciels étoilés.
Re :Monster entend remuer les codes déjà établis de la nouvelle tendance manga ou l’immersion dans le jeu video. L’aventure commence bien, portée par d’une alliance scénario-graphisme réussie.
Points forts :
- Scénario bien construit qui place le point de vue du héros au premier plan
- Immersion qui fonctionne car on s’attache au héros, on suit ses pas et ses pensées
- Introduction possibilité d’être dans un jeu video en immersion se fait par indices
- Personnage principal séduisant, bien écrit
- Protagonistes secondaires prometteurs
- Enjeux de l’histoire assez classiques mais on peut envisager une suite attrayante
- Dessin en accord total avec la narration
- Ambiance dark fantasy + + +
- Chara-design + + +
- Mise en scène et en cases énergique
- Action + + +
- Baston !
- Décors bien présents, rôle à jouer
- Édition française réussie
Points faibles :
- Évolution par étape du personnage un peu classique qui devra passer la main à un autre axe narratif principal pour que la série garde ce potentiel séduction sur la longueur
Verdict : Un Très Bon Tome !!!