Dessinateur : Natsumi Aida
Scénariste : Natsumi Aida
Éditeur : Akata
Collection : Shojo
Genre : Romance, Tranche de vie, Humour
Public : Tout public
Site officiel : Aucun
Sortie : 14 avril 2016
Prix : 7,95€
Statut de la série : En cours de publication
Mito Meguro a quinze ans et vit de son mieux sa dernière année de collège. Timide, complexée en tous points, elle n’a de réconfort qu’auprès de ses deux amies avec lesquelles elle partage le plaisir d’un jeu vidéo pour filles. Grâce à ce jeu pour console portables, elle vit une relation amoureuse imaginaire avec le garçon de ses rêves. Mais c’est surtout un moyen pour Mito de trouver du réconfort car sa vie de collégienne est loin d’être facile. Assumant maladroitement ses défauts physiques, elle a déjà eu à subir une humiliation publique de la part d’un garçon, fait passé qui a néanmoins fait naître en elle une peur des garçons en général. C’est vrai quoi : avec les filles moches comme elle, les mecs sont cruels et les filles aussi ! C’est donc en mode discrète que Mito vit es journées de classe. Mais alors qu’elle se retrouve de nouveau face au type odieux qui en profite pour la rabaisser une nouvelle foi, Kunimatsu, un beau garçon de sa classe, intervient et prend sa défense. Dès lors, Mito commence à croire que l’amour existe aussi pour elle, à condition qu’elle trouve la force de changer. Le défi est lancé mais les obstacles seront nombreux !


Un nouveau manga signé Natsumi Aida, adoptée en France par l’excellent Switch Girl, est toujours un plaisir !
Dans la ligne droite de son excellent prédécesseur, ce nouveau shojo nous invite dans les pas de la toute jeune Mito. A l’aise et sans contexte possible habile dès qu’il est question des tourments de l’adolescence les plus naturels auxquels personne ne peut honnêtement se vanter d’avoir échappé, Natsumi Aida créé l’héroïne de shojo idéale.
D’abord avec ce nom à l’opposé de son physique : Mito pour « belle personne » et Meguro pour « aux yeux noirs », la mangaka s’amuse franchement tout en introduisant l’idée, qui n’effleure pas une seconde son personnage, qu’une belle personne l’est d’abord dans son cœur… Et Mito est évidemment une belle personne même si elle ne le sait pas !
Complexée comme beaucoup de filles à son âge, Mito oublie son visage trop rond aux joues généreuses et tout le temps roses, ses cheveux obstinément récalcitrants à tout lissage, ses tâches de peau sur les bras, la banalité de son corps à peine formé et surtout sa peur d’être moquée publiquement et rejetée grâce à un jeu vidéo qui lui attribue l’amoureux parfait. Car Mito a osé une seule fois ce premier pas qui nous effraie tous à cet âge et la douche fut si froide et cruelle qu’elle en a développé une crainte des garçons de chair et de sang. Le petit ami virtuel est donc l’alternative rêvée : il lui donne de conseils, lui fait des compliments, est un super beau gosse… Piégée entre les garçons qui se moquent d’elle et les filles populaires qui se complaisent dans une sorte de bizutage, Mito vit sa scolarité comme un sacerdoce.
Pourtant, elle trouve du courage dans les paroles imaginaires de son prince virtuel : son subconscient veut grandir et changer, il lui envoie alors l’image la plus rassurante qui soit pour la convaincre de travailler sur elle-même. Mais ce n’est pas tout : le super déclencheur s’appelle Kunimatsu et il est bien réel. Beau gosse discret en classe mais finalement assez populaire, il intervient pile au bon moment et ce geste de prince charmant attire sur lui les regards et les espoirs de Mito. Pour lui, Mito veut changer et elle commence à vaincre ses peurs ne serait-ce que de lui adresser la parole à l’école. Peu à peu, la prévenance et la gentillesse tranquille du garçon poussent Mito à progresser, à oser et à vivre sa vie en dépit des obstacles.
A ce stade, il n’est pas question de coup de foudre mais simplement d’une fille mal dans sa peau au pire âge de la vie qui trouve les ressources nécessaires pour dépasser ses complexes parce qu’un garçon si semblable à celui qui l’a traumatisée se montre enfin gentil avec elle. Car si un beau gosse peut être naturel avec elle et la traiter comme une bonne camarade, alors pourquoi ne pourrait-elle pas espérer plus ? Surtout si Kunimatsu continue à lui prouver que les sentiments ne s’attachent pas au seul physique. Et puis, heureusement, à 15 ans, on a encore tout le temps de changer physiquement car on continue de grandir…
La porte est donc ouverte sur la façon dont Mito va grandir, tant physiquement de psychologiquement.
Cette héroïne est d’emblée attachante car elle nous rappelle forcément un peu de celle qui l’on est ou a été à son âge. Quelle fille de 15 ans n’a pas été farouchement ennemie avec elle-même pour des défauts parfois obsessionnels mais qu’elle seule voyait ?
On connaît maintenant bien le dessin de Natsumi Aida, assez typé shojo mais insistant sur les messages émotionnels traduits par les visages et une mise en scène alternant la comédie, introspection de l’héroïne et romance. Mito est certes mal dégrossi dans son chara-design mais s’adapte parfaitement au récit, de même que Kunimatsu qui a tout du prince idéal tel que Mito l’imagine dans son jeu. Il y a peu d’éléments d’arrières plans mais juste ce qu’il faut pour situer les scènes, souvent en milieu scolaire.
Ugly Princess est un pur bonheur, porté par une héroïne sympathique, un humour, un réalisme et une sensibilité trop rares dans le shojo. On a toutes quelque chose en nous de Mito Meguro !
Points forts :
- Un nouveau shojo de Natsumi Aida
- Récit réaliste basé sur une évidence : les complexes qui pourrissent la vie des ados et même après…
- La difficulté de grandir quand on n’est pas un premier prix de beauté dans ce monde qui n’est qu’image et superficialité
- Une héroïne attachante, marrante, courageuse… à laquelle on s’identifie facilement
- Une mise en scène dynamique
- Humour
- Chara-design adapté au récit et très expressif
- Édition française soignée avec une version collector pour ce tome 1
Points faibles :
Verdict : Un Excellent Tome !!!