Notre critique du tome 2 de « Honey »

Depuis qu’elle l’a rencontré un jour de pluie alors qu’il venait de se bagarrer méchamment, Nao n’a jamais oublié Onise, ce garçon aux airs de voyou qu’elle avait aidé malgré sa peur. Lorsque des années plus tard, alors qu’ils se retrouvent dans le même lycée, Onise la demande en mariage, Nao n’imaginait pas que ce garçon viendrait à prendre autant de place dans sa vie. Bien qu’elle ne l’ait pas clairement rejeté mais accepté son amitié, elle l’apprécie de plus en plus. Loin du voyou qu’elle avait imaginé, il se révèle prévenant, travailleur et gentil. Il a même mis de côté ses sentiments pour l’écouter lui dire qu’elle pensait être amoureuse de son tuteur ! Mais les jours passent et Nao tente de voir clair dans ses sentiments. Grâce à la patience d’Onise, à l’amitié de Yashiro et à la tendresse de cet oncle qui l’a élevée, elle distingue peu à peu l’amour filial du grand amour… Mais n’est-il pas trop tard pour se tourner vers Onise ?

Pour créer un bon shojo, il faut une histoire d’amour menée par des personnages attachants, un graphisme fin et expressif mêlés à une mise en scène minutieuse. Honey possède ces rares qualités et mieux encore.

Nous n’en sommes qu’au tome 2 mais la romance Nao-Onise avance à grands pas, ce qui promet un shojo tourné vers un récit assez mature qui prendra certainement en compte les relations entre et avec les personnages secondaires, l’évolution de l’histoire d’amour dans le temps, avec un soupçon de tension dramatique.
On pouvait déjà anticiper cette tournure des choses de par la nature atypique de la situation familiale de l’héroïne. Orpheline, élevée par un oncle encore très jeune, Nao est le type d’héroïne introvertie mais généreuse qui plait dans les shojos car elle ne cesse d’évoluer au contact de son amoureux comme de ses amitiés. De plus, cela lui apporte un potentiel affectif et sympathique immédiat de la part du lectorat. Elle a donc tous les atouts pour être un personnage porteur d’une belle romance.

A ses côtés, et contrairement à la coutume trop répandue, son faire-valoir masculin n’est pas que ça. Onise a plusieurs facettes qu’il dévoile peu à peu à celle qu’il aime comme au lecteur. On remarque que ce héros masculin n’est pas relégué au second rôle car le point de vue narratif reflète tout autant ses propres sentiments et émotions. Agréable de lire un shojo qui ne se concentre pas exclusivement sur son héroïne ! 

En filigrane, Amu Meguro adjoint à ses héros trois protagonistes assez classiques. Images de l’amitié qui écoute et conseille, Yashiro, belle et intelligente soutient Nao dont elle est l’exacte opposée, tandis qu’Onise peut compter sur le gentil et maladroit Misaki. Bien qu’ils soient pour le moment relégués au rôle de soutien émotionnel, ces deux personnages ont également des caractéristiques qui servent le récit. Yashiro est la voix de la raison mais son sérieux cache sans doute quelque chose que l’on aimera découvrir par la suite. De même Misaki semble porter son lot de désagréments quotidiens, complexé par la féminité de ses traits et son côté gaffeur. Enfin, Sô, l’oncle tuteur de Nao nous fait partager par ses souvenirs les doutes et angoisses qu’il a dû traverser lorsqu’il est brutalement devenu le seul parent de la petite Nao et s’il n’est guère actif, il fait montre d’une belle sincérité envers sa nièce et Onise.

Le cheminement du récit est plutôt classique pour un shojo mais on ne peut s’empêcher de suivre les pas de Nao qui dès ce tome 2 décide d’être honnête envers Onise et surtout elle-même. Faisant fi de sa timidité, elle fait ce que beaucoup de jeunes lectrices rêvent de faire : le premier pas pour rattraper un amour avant qu’il ne soit perdu. Onise lui facilite beaucoup la tâche puisqu’il n’a pas renoncé à elle mais ce tome est bien plaisant à parcourir car tous ses protagonistes sont attachants et Amu Meguro sait y faire, évite certains pièges, adjoint une jolie dose d’humour mais sait placer des scènes fortes qui font bondir nos petits cœurs.

Pour ne rien gâcher, le trait d’Amu Meguro est résolument shojo. Tout y est : un chara-design kawai mais réaliste, un dessin soigné mais aéré, des visages pétris d’émotions sur une mise en scène et en case qui séquence parfaitement le ressenti émotionnel ou les pensées.

Tout ne va pas trop vite mais on aime voir l’histoire avancer d’un grand pas déjà dans ce tome 2. Narration, personnages, esthétique, Honey a tous les atouts d’un très bon shojo qui plaira à un large public. Soleil manga propose un volume soigné avec une qualité d’impression et de traduction qui brille dans le rendu délicat du graphisme et des dialogues sans faute dont l’humour rayonne tout du long.

Verdict : Un Très Bon Tome !!!