Dessinateur : Kyôko Oyoshikawa
Scénariste : Naomi Aga
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yaoi
Genre : Scolaire, romance, drame
Public : Public averti
Contenu : 236 pages
Sortie : 10 juillet 2020
Prix : 8,99 €
Statut de la série au Japon : Terminée en 2 tomes
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Résumé
Pendant les pauses ou à la fin des cours, Tengoku et Aoki continuent de se retrouver pour s’adonner à leur plaisir mutuel. N’étant ni un couple ni des amis, leur relation demeure toujours aussi ambigüe. Pourtant, les sentiments d’Aoki deviennent de plus en plus évidents. C’est alors qu’Hatano, un jeune et nouveau professeur, vient semer le trouble dans le quotidien de Tengoku et d’Aoki…
Notre critique
Voici un manga qui se termine sans doute trop rapidement… Le 1er tome d’Un Démon au Paradis avait posé des bases un rien atypiques pour un yaoi mais celles-ci sont vite balayées au profit de codes établis…et pourtant…
On termine cette lecture avec un certain plaisir !
Après avoir présenté le début de cette relation sous un accent sadomasochiste à la fois émotionnel et physique, Naomi Aga a choisi une évolution plus classique. C’est sans doute un bon choix car, si Tengoku n’était pas franchement sympathique et même plutôt antipathique, on apprécie Aoki depuis les premières pages.
Ancien enfant maltraité, il a été diagnostiqué par un Tengoku très perspicace qui a usé de ces faiblesses pour un faire son jouet. Si les sentiments contradictoire d’Aoki penchaient vers l’attente d’une relation qui irait au-delà du sexe, il n’était pas évident que cela préoccupe beaucoup Tengoku. Mais il ne faut jurer de rien.
Ce tome 2 se concentre sur l’affirmation des sentiments et la réalité derrière les sourires de Tengoku. Aoki fait plus qu’apprécier leurs ébats. Il espère plus à chaque fois. Et voilà que Tengoku lui propose un rencard. En un lieu public, toute une soirée à parler de tout, manger, boire. Bien que familièrement proche de ce que vivent les couples, Aoki doute de ce moment partagé. Et il a raison : à peine sont-ils de nouveau seuls, loin des regards, que les habitudes étranges de Tengoku refont surface.
Bien qu’il se laisse faire avec de plus en plus de complaisance, Aoki se demande encore ce que Tengoku veut de lui. Est-il un simple jouet sexuel ? Que sont-ils l’un pour l’autre ? Le lecteur en vient aussi à se questionner. Et les sentiments grandissants d’Aoki le poussent dans cette direction. Comme souvent dans le manga romantique, yaoi, shonen ai ou shojo, il faut l’entrée en scène d’un troisième et même d’un quatrième larron pour révéler le pot aux roses de Un Démon au Paradis.
Hatano est un jeune professeur qui se lie rapidement avec Aoki car ils aiment tous deux les films d’horreur. Cette complicité cache un secret : Hatano connaît Tengoku depuis longtemps, il l’aimait déjà alors qu’il était encore lycéen ! Bien loin d’envisager cet acharnement à se rapprocher d’Aoki comme une tactique rivale visant à lui faire couper les ponts avec son amant, Tengoku nourrit peu à peu une certaine jalousie.
Maladroit mais sincère, il dévoile alors sa réelle personnalité. Passionné et possessif, il traîne son propre traumatisme d’un passé familial exigeant. Et l’arrivée de son frère aîné dans l’équation va débloquer la situation. Aoki va comprendre, enfin, qui est Tengoku et ce qu’ils représentent l’un pour l’autre.
En dépit d’un démarrage axé sur la bizarrerie de Tengoku, ce dernier épisode d’Un Démon au Paradis glisse vers une trame très classique, qui dénoue les fils tordus de personnages abîmés par la vie qui se sont bien trouvés. Aoki et Tengoku étaient malheureux chacun à leur façon, chacun de leur côté. En confrontant leurs travers, leurs blessures secrètes, avec une certaine violence, leur relation a muté doucement vers un véritable amour.
Le dessin de Kyôko Oyoshikawa peut être qualifié de réaliste. Il ne recherche pas l’esthétique graphique mais la mise en avant du récit avec toutes ses subtilités. La mise en scène invite le lecteur à suivre cette quête maladroite d’amour qui occupe les protagonistes. L’évolution des personnages est marquée ici par un adoucissement des traits, des expressions inattendues, une tendresse opposée à certaines démonstrations violentes qui ne prennent sens que dans la relation amoureuse des ces héros tordus par la vie.
Un Démon au Paradis prend au dépourvu avec cette fin. On pensait connaître les personnages mais ils évoluent encore. Le récit est riche et s’amuse à surprendre le lecteur.