Notre critique du tome 3 de « Sangsues »

Marquée par sa rencontre avec les jumeaux chinois et les paroles de Tsukinuma, Yoko prend la décision de retourner chez elle, de voir de ses propres yeux si elle a encore une chance de revenir en arrière. Pourtant, une fois sur place, elle hésite. Pourra t-elle supporter de constater combien sa famille vit mieux sans elle ? Qu’importe. Son courage réuni, elle entre dans la maison qui l’a vue grandir et souffrir comme elle le ferait chez des inconnus, sur la pointe des pieds, discrète jusqu’au bout des ongles et observe ses parents. Elle est particulièrement frappée de les trouver vieillis et son père bien plus calme. Mais ne se fait-elle pas des idées ? Au fond, veut-elle vraiment quitter sa vie de sangsue pour ce cocon qui n’est sans doute qu’illusion ? Les questions se bousculent en elle mais le temps lui manque pour y répondre : Tétris, un sangsue plus que dérangé vient d’entrer dans sa chambre…

L’aventure de Sangsues se poursuit et Yoko continue son voyage en quête d’elle-même. Jamais très à l’aise avec son nouveau mode de vie, elle choisit de se confronter à la réalité, de cesser de fuir ses émotions et son lien conflictuel avec sa famille. Ce courage est nourri de la triste vérité : la vie de sangsue n’est pas forcément préférable car tout autant pleine de contraintes mais surtout de dangers face auxquels elle est trop souvent dépendante des autres. Et si Tsukinuma lui a souvent sauvé la mise, elle comprend qu’avancer exige d’elle une mise au point sur les raisons qui la poussent à continuer. Risquant d’être blessée une nouvelle fois, elle fait le trajet du retour, à petits pas, et ce qui l’attend n’est pas ce qu’elle craignait.

Alors que les doutes se lèvent sur son avenir, sa vie de sangsue se rappelle à elle, douloureusement, et insiste encore une fois sur la fragilité de ce choix de vie.
Tétris est la personnification de ce monde parallèle et secret, fait de règles sans compromis qui donnent le pouvoir aux plus forts. Yoko se trouve confortée face à cette vérité : elle n’appartient pas aux sangsues, elle ne le peut pas car elle a encore un foyer, des gens auxquels s’accrocher, des sentiments pour cette autre vie qui ne veut décidément pas la quitter.
Si l’affrontement est violent, la conclusion est sans appel pour Yoko. Une fois n’est pas coutume, elle parvient à survivre seule à cette énième agression et prend une décision lourde de sens et peut-être de conséquences à venir. Les deux derniers tomes nous le dirons.

Le trait de Daisuke Imai demeure l’idéal vecteur de son récit. Très encré, ignorant les nuances ou les dégradés de gris, jouant sur les plans serrés ou larges, insistant sur les visages très expressifs, découpant les scènes de manière soutenir le rythme de l’action comme l’intensité des réflexions de Yoko. Grâce à cette mise en scène, le suspense est à son comble et la violence physique comme psychologique occupe une bonne moitié du tome. Du grand seinen !

Chaque tome déroule un peu plus la noirceur du monde parallèle des sangsues tout en offrant une large palette d’interprétation par le prisme de Yoko, héroïne attachante et complexe. Casterman nous offre vraiment une très bonne série du genre. A lire absolument !

Verdict : Un Excellent Tome !!!