Dessinateur : Akio Tanaka
Scénariste : Akio Tanaka
Éditeur : Delcourt
Collection : Seinen
Genre : Baston, Suspense, Drame
Public : Averti
Site officiel : Aucun
Prix : 7,99€
Sortie : 18 mai 2016
Statut de la série : Terminée en 34 tomes
Le combat à mort opposant le clan des égouts se termine sur une série d’explosions qui ravage les lieux, blesse ou tue les participants. Alors que des vapeurs de fumées planent encore et que le calme revient lentement, Ryô se relève, sonné et salement blessé. Aux aguets, il se tient quand même prêt à encaisser une nouvelle attaque. Mais devant lui, il entend une voix implorant pour sa vie, celle de son adversaire moribond appelant son frère au secours. Ryô se moque bien du sort de son adversaire pris à son propre piège mais il lui reste une dernière chose à régler…
Voici donc la fin d’un manga qui aura fait couler beaucoup d’encre et déchaîné les passions d’accros au manga de baston. Coq de Combat a clairement souffert de la perte de son scénariste de départ Izô Hashimoto et cette fin, bien que révélatrice des efforts d’écriture par Akio Tanaka en laissera plus d’un sur sa faim/fin.
Certes, le point final s’accorde avec la tragique destinée de son héros, tombée à pieds joints dans la spirale de la violence comme mode de vie et surtout de survie car comment pourrait-on imaginer une autre fin que celle dessinée ici, à moins de trahir le propos de la série ? Ce serait hypocrite de présenter Ryô comme un rédempteur et bien moins crédible que ce que ce tome 34 met en scène. Néanmoins, après une si longue série ponctuée de pauses et face à l’attente d’un lectorat qui a plus ou moins apprécié la direction suivie par Akio Tanaka lorsqu’il s’est retrouvé seul à bord, cette fin peut décevoir.
L’action n’est clairement pas au rendez-vous, on assiste à une longue et solitaire agonie dont l’espoir est, d’emblée, absent. Ryô paie le prix de ses choix de vie, et s’il termine sur une note positive en assurant la sécurité à ses amis par un dernier éclat preuve de sa force de caractère, il ne peut fuir la contrepartie exigée par le destin.
Au final, cette fin est très nippone, pleine d’une réflexion métaphysique sur la destinée, le rachat avec un zest de karma. Certains penseront que cette fin est décevante mais en la lisant d’un œil moins européen, on peut tout aussi bien y voir une très bonne fin, idéale pour son personnage phare.
A l’inverse de l’écriture, le dessin d’Akio Tanaka n’a jamais baissé en qualité et, faute de nombreux dialogues dans ce dernier tome, il exprime toute la dualité de Ryô dans de grandes cases le mettant en scène seul, marchant vers son destin, osant quelques questions sur son passé, son parcours et ce qui l’attend, sur cette fin de route qui ne peut être que la sienne.
La souffrance mêlant blessures physiques et psychologiques se lit dans ses mouvements, sur son visage, dans cet œil empli de sang, ses vêtements tâchés du sang de son adversaire, sa contemplation de ce monde qui l’entoure jusqu’à la fin et qu’il n’a jamais vraiment regardé. Quiétude de la nature si simple et belle, confrontation avec ses plus purs représentants, insecte, feuillage et saro majestueux, beauté d’un ciel clair qui le recouvre lentement, Ryô, regarde le monde et comprend qu’une autre vie l’attend. Le traitement dans son ensemble est superbe, la mise en scène est subtile mais sans appel tant elle laisse deviner ce point final polémique.
Coq de Combat se termine donc sur une note peut-être trop évidente mais pourtant en accord avec le caractère de son héros et de son parcours semé de sang.
Points forts :
- Une fin logique compte tenu du caractère façonné du personnage principal
- Un dernier pied de nez à ses adversaires par un Ryô mal en point mais qui a le dernier mot
- Ryô n’est pas absous de ses fautes mais assume ses choix de vie jusqu’au bout
- Mise en scène qui s’astreint à servir le récit et supplée à ses défauts
- Graphisme superbe jusque dans les moindres détails
- Édition française réussie
Points faibles :
- Une fin qui est trop évidente dès les premières pages
- Le dessin prend l’ascendant sur la narration, fait un peu artbook plus que récit
Verdict : Un Bon Tome !!!