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Manga

Notre interview de Makoto Aizawa, l’auteur de Quand la neige m’appelle

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Maison d’édition ayant fait son entrée en 2016 sur le marché du manga, ChattoChatto propose de découvrir Quand la neige m’appelle, une œuvre exceptionnelle signée Makoto Aizawa ! Découvrez dans notre interview le parcours du mangaka et l’origine du récit qu’il a décidé d’adapter en réalisant ce one-shot de 130 pages.

Du début à la fin, un sentiment de tristesse se dégage de votre manga. Est-ce dû à la neige ? Parce que plusieurs personnages avouent eux-même qu’elle les rend triste. Et d’ailleurs, vous, est-ce que la neige vous rend triste ?

Tout d’abord, quand je regarde de la neige, je ne deviens pas particulièrement triste. Je n’ai pas de sentiment particulier en voyant ça. C’est juste que, je pense, dans ce manga la neige est un élément qui relie les différents personnages. Et donc, par exemple, après la relation entre Yuki et Sakai, ils se séparent et ne se voient plus. Mais peut être que, du coup, quand ils voient de la neige, ça leur fait se souvenir l’un de l’autre et que ça ravive les blessures qu’ils ont eu à cette occasion.

Pourquoi avoir choisi la guerre comme toile de fond ?

À la base, la légende de Yuki Onna – La Femme des Neiges, c’est une histoire très ancienne qui raconte la rencontre entre un humain et un personnage surnaturel, mais il y a des interprétations qui disent que derrière ce récit fantastique, c’est un symbole pour un mariage exogame. C’est à dire entre deux communautés, entre deux ethnies, voire même entre deux pays différents. Et le fait qu’à la fin cela ne se passe pas bien, qu’il y ait une séparation, la morale c’est qu’on ne peut pas s’entendre… qu’on ne peut pas comprendre son prochain. Ce qui fait que c’est assez triste. Mais cela me semblait intéressant d’essayer de construire une histoire sur ce thème qui est le problème de communication. Et donc, c’est à partir de cette histoire que je me suis dis « Je vais réfléchir aux personnages à partir de ça » ! Et ce qui a défini l’un des personnages, c’est qu’il ait une certaine violence inhérente en lui, ce qui fait qu’un soldat était le choix parfait parce qu’un soldat c’est quelqu’un qui va vers l’autre, vers son prochain, mais en considérant que c’est un ennemi. En considérant qu’on ne peut pas le comprendre. Et donc il va aller avec une certaine agressivité vers son prochain. C’est pour ça que j’ai fait de Sakai un soldat. Et ensuite, il fallait bien qu’à un moment Sakai fasse un choix, à savoir s’il allait utiliser la violence dont il est capable. Qu’il lui a été enseigné. Et donc lorsque je suis en présence de mon prochain, de quelqu’un qui me surprend et que je ne connais pas, est-ce que j’adapte une réaction violence, ou pas ? Il fallait que je mette en place ce genre de situation, ce qui explique qu’il y ait un soldat et un contexte de conflit en arrière-plan.

Non seulement Sakai fait face à un traumatisme de guerre en perdant son camarade dans des circonstances étranges, mais en plus il fait la rencontre de Yuki qui s’en va quelques années plus tard alors qu’elle est enceinte de leur 2ème enfant, leur fille devient malentendante après avoir contracté les oreillons, il meurt assez jeune, et ce n’est qu’en allant dans les montagnes pour répandre les cendres de son père que Hitomi fait la rencontre d’un jeune garçon qui se révèle être son frère et qui lui apprend que sa mère est décédée l’année dernière. Cette succession d’événements tristes n’est pas sans rappeler Le Tombeau des Lucioles de Isao Takahata. Est-ce un artiste qui vous a inspiré au cours de votre carrière ?

Évidemment, je connais les œuvres de monsieur Takahata. Ce sont des films que j’aime beaucoup. Mais ce ne sont pas forcément ces œuvres là qui m’ont influencées. Qu’est-ce que c’est que la tristesse ? Pourquoi est-ce que c’est aussi puissant ? À vrai dire, le thème de la tristesse m’inspire beaucoup. Il s’agit d’un thème que j’aime beaucoup explorer ! L’élément déclencheur du tout premier manga un peu structuré que j’ai réalisé a été lorsque je me suis fait larguer par ma petite amie au lycée. J’avais été très triste, et même choqué de me dire « ah ouais… ça secoue autant… pourquoi est-ce qu’on est obligé de vivre avec des douleurs comme ça ?!? », et maintenant avec un peu de recule je me dis quand même que c’était peut être un peu exagéré, mais voilà, j’avais été très peiné à l’époque et depuis c’est un thème qui continue à m’intriguer et que je continue à explorer dans mes différentes œuvres.

En coupant ses longs cheveux, Yuki souhaitait simplement débuter une nouvelle vie, ou bien son intention était-elle de ne pas être reconnu par Sakai et de veiller à ce qu’il ne révèle jamais rien au sujet de la femme des neiges ?

Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est qu’effectivement, elle veut dissimuler son identité parce qu’elle ne peut pas révéler à Sakai sa vraie nature et qu’elle sait que si elle dit qui elle est à cet homme, suite à cela, il aura peur et ne l’acceptera plus. Et donc, c’est pour devenir quelqu’un d’autre et cacher son identité qu’elle coupe ses cheveux. Mais il y a aussi une autre raison. Une raison un peu plus de mise en scène : pour que les lecteurs puissent rapidement identifier Yuki. Lorsqu’elle a les cheveux courts, c’est la version humaine, et quand elle a les cheveux longs, c’est la version yokai. C’était un moyen simple de bien marquer ces deux identités là et de facilement les reconnaitre.

Lisez notre critique de Quand la neige m’appelle

Malgré cette profonde tristesse qui accompagne le lecteur, votre manga nous offre une belle fin avec les retrouvailles entre Hitomi et Yukito. Vous souvenez-vous si cette scène vous avait ému lorsque vous aviez lu le roman de Lafcadio Hearn à l’école élémentaire ?

Dans l’œuvre originale de Lafcadio Hearn et la plupart des versions de cette légende, cela se termine au moment de la séparation de la femme des neiges et du soldat. Et il existe plusieurs versions au Japon. Chaque région peut même avoir sa propre version. Et dans certaines versions de cette légende, il y a une suite avec un Happy End où, par exemple, les enfants deviennent riche. Et donc je pense que ceux qui avaient fait ce genre de version avec une fin heureuse devaient se dire que c’était trop triste de terminer sur le constat d’échec de communication avec leur prochain. De se dire qu’on ne peut pas se comprendre l’un l’autre. Et ils ont surement voulu continuer l’histoire justement pour insuffler un grain d’espoir et de se dire que même si c’est dur, qu’on y arrivera pas, qu’on peut quand même espérer y arriver un jour. En ayant cette idée en tête, moi aussi ça m’a touché, et j’étais dans cette optique là. C’est pour ça qu’en dessinant cette version, moi aussi j’ai décidé de faire une suite pour pouvoir insuffler un peu d’espoir et donner l’espoir de se comprendre l’un l’autre malgré les difficultés.

Pourquoi avoir décidé de continuer à être mangaka plutôt que d’entamer une carrière en rapport avec votre formation ?

Au moment où je réalisais ce manga, j’étais à la fin de mes études dans une université d’art où j’étudiais la sculpture, et je devais réfléchir à mon avenir en choisissant entre entamer une carrière plus artistique et poursuivre dans le milieu du manga. Et j’ai fait ce choix parce qu’en lisant d’autres mangas je me suis dis « C’est vraiment le manga qui me touche le plus, et je pense que c’est ce moyen d’expression qui me convient le plus », et on va dire que j’ai confiance dans la force du manga de pouvoir communiquer mes émotions et ce que je transmet par ce moyen là, et donc c’est ça qui m’a décidé à m’engager dans la voie du manga et d’essayer de gagner ma vie en tant que mangaka professionnel.

Fondateur de Nipponzilla. Cet amateur de mangas, de japanimation et de jeux vidéo japonais n'a peur de rien, et surtout pas de s'intéresser aux œuvres les plus méconnues... au risque de tomber régulièrement sur de belles bouses.

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