Dessinateur : Kumiko Suekane
Scénariste : Kumiko Suekane
Éditeur : Kana
Collection : Dark Kana
Genre : Suspense, Fantastique, Horreur
Public : + 14 ans
Contenu : 176 pages
Sortie : 17 mai et 5 juillet 2019
Prix : 7,45€
Statut : En cours, 3+ tomes au Japon
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Résumé
« France, 18e siècle, juste avant la Révolution française. Marie Antoinette, a été fiancée à Louis XVI et doit devenir la prochaine reine de France. Malheureusement, sur la route qui la mène à Versailles, sa voiture est attaquée par un groupe de zombies. Son frère jumeau, Albert, est le seul survivant. Albert décide de prendre la place de sa soeur. Une nuit, deux silhouettes se faufilent, dague à la main, dans la chambre à coucher de « la nouvelle venue » à la cour. Sauf que leur cible leur oppose une résistance farouche et… surnaturelle… »
Notre critique
Nouveauté 2019 des éditions Kana, le nouveau manga de Kumiko Suekane (Afterschool Charisma, disponible aux éditions Ki-oon) nous présente une histoire de zombies dans un contexte de Révolution française du XVIIIème siècle. Ne comptant pour l’instant que trois tomes au Japon, où la publication a commencé en 2016, cette série de dark fantasy s’annonce pour le moins surprenante.
Il n’est pas nécessaire d’être calé en Histoire de France pour connaître Marie-Antoinette, Archiduchesse d’Autriche devenue dauphine de France par son mariage avec le prince Louis-Auguste, qui deviendra plus tard Louis XVI. Dernière reine de l’Ancien Régime et guillotinée pour haute-trahison, elle a été l’inspiration de nombreux livres et films, et on se la représente souvent comme une petite fille gâtée, célèbre pour la phrase « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche » – bien qu’elle lui soit en réalité attribuée à tort.
Au Japon, où le charme de Versailles est très apprécié, Marie-Antoinette est particulièrement célèbre, figure de la vie luxueuse de l’époque et héroïne tragique. Il n’est donc pas surprenant de la voir inspirer de nombreux mangas également. Dans Versailles of the dead, c’est le côté enfant gâtée et cruelle qui est exploité, et il faut dire qu’il est tout à fait propice à ce genre d’histoire.
On découvre ainsi une Marie-Antoinette rescapée d’une attaque de morts-vivants sur la route alors qu’elle se rendait en France pour épouser le prince héritier. Mais la surprise est générale lorsque l’on découvre que l’Archiduchesse rescapée est en réalité… un homme ! Il se présente en effet comme Albert, le frère de Marie-Antoinette, qui lui servait de doublure en raison de leur ressemblance frappante. Par crainte que l’existence des morts-vivants – une « maladie » qui se propage depuis quelques temps en France et que la cour cherche à cacher, feintant l’ignorance – ne soit découverte et que les liens entre la France et l’Autriche ne faiblissent, il est décidé qu’Albert continue de se faire passer pour Marie-Antoinette et épouse le prince malgré tout.
Mais alors qu’Albert semble se complaire dans sa nouvelle existence, l’affaire se révèle plus complexe qu’elle ne l’était déjà. Les circonstances de la mort de la vraie Marie-Antoinette sont mises en doute, et le comportement de sa doublure semble… quelque peu étrange. En parallèle, les morts-vivants continuent de terroriser Versailles, et derrière leur passage les pierres précieuses disparaissent. C’est toute une suite de complots, magouilles et secrets qui s’enchaîne, chaque personnage de l’histoire semblant cacher son lot de secrets, certains en lien avec l’étrange phénomène de résurrection des morts.
C’est donc un scénario plutôt sombre et complexe que l’on commence seulement à découvrir avec ces deux premiers volumes, parsemé d’éléments de dark fantasy qui donnent froid dans le dos. Le scénario a l’air de renfermer de nombreuses surprises, mais jusqu’à présent, il n’offre que peu de réponses. Si l’abondance de secrets et énigmes pourrait, sur le long terme, se révéler prometteuse, il faut avouer que pour l’instant elle entraîne surtout pas mal de confusion et de frustration… On ne sait pas trop quels personnages font figure de « gentils » ou « méchants » et, par conséquent, on suit un peu l’histoire sans savoir qui soutenir ou de qui avoir peur. On n’a également que peu d’informations sur les personnages, leurs motivations ou leur histoire, ce qui les rend à ce stade assez difficiles à apprécier totalement.
Ce qui ne rend pas la lecture si déplaisante, en revanche, sont les dessins tout à fait réussis. On sent l’effort de l’auteur pour nous plonger dans l’ambiance de Versailles, et la pléthore de détails au niveau des robes, coiffures ou décors sont très appréciables. Le tout combiné avec l’aspect sanglant de l’histoire, les zombies effrayants et les expressions tantôt horrifiées, tantôt horrifiantes des personnages donnent un côté très sombre et palpitant, sans pour autant être excessivement gore ou répugnant. Les actes de violence ou d’horreur se faisant pour la plupart du temps hors-scène, il n’est pas nécessaire d’avoir l’estomac hyper solide pour apprécier la lecture.