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Japon

Notre critique du tome 1 de « Au cœur de Fukushima »

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Actu Manga, collection Made In, Critique Manga, Fukushima, Kana, Manga,

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Dessinateur : Kazuto Katsuta
Scénariste : Kazuto Katsuta
Éditeur : Kana
Collection : Made in
Genre : Tranche de vie, Documentaire
Public : Tout public
Site officiel : Kana
Sortie : 4 mars 2016
Prix : 9,90€
Statut de la série : En cours de publication

Employé sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, Kazuto Katsuta, est un mangaka qui a toujours dû travailler à côté de son activité d’artiste pour réunir suffisamment d’argent. A la suite de la catastrophe, il a voulu se rendre utile à la zone sinistrée et a cherché du travail dans l’ensemble de la province, que ce soit pour aider la population privée de tout, pour nettoyer les décombres ou même œuvrer au démantèlement de la centrale. Certes, il ne connaît rien au nucléaire mais sa volonté de bien faire, d’aider son pays et ses concitoyens fut la plus forte. Il travaille donc au cœur de la centrale, et nous raconte son quotidien… Vous vouliez savoir ce qui se passe dans ce lieu devenu symbole de fin du monde pour le Japon ? Bienvenue aux côtés de Kazuto Katsuta, un homme comme les autres, simplement motivé par son humanisme et l’amour de sa patrie.
A côté des nombreux écrits, mangas compris, qui furent et sont encore publiés sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, Au Cœur de Fukushima ne présente pas de discours politique.
Ce manga est un subtil équilibre d’objectivité et de subjectivité, tant il expose les contraintes et risques quotidiens des ouvriers de la centrale sans omettre l’étrange lenteur avec laquelle l’activité principale à laquelle se dévouent Kazuto Katsuta et ses compagnons de labeur a fini par se mettre en place.
Le mangaka consacre autant de chapitres à la description de ses journées de travail qu’à la présentation des circonstances ayant précédé son activité à Fukushima.
A ses côtés, on découvre l’ensemble du processus de sécurité auquel sont soumis les employés, l’équipement qu’ils doivent enfiler pour se rendre sur le site, pour entrer dans la centrale, pour en sortir puis repartir vers leur logement de fonction. On apprend surtout le temps consacré à toutes ces mesures, qui prend sur leurs heures de sommeil ou de repos mais est compensé par des heures de pause qu’ils peuvent passer en salle de détente spécialement aménagée pour dormir ou déjeuner. Ces contraintes se révèlent parfois ennuyeuses et l’évidence fait même sourire : que faire lorsque l’on est pris d’une soudaine crise de démangeaison alors qu’on est sanglé dans sa combinaison avec un masque que l’on ne doit enlever sous aucun prétexte ? Et que dire des soudaines envies d’uriner ou plus… Et comment endurer les chaleurs d’été sous le poids de ces combinaisons si couvrantes ?
Sans être des héros, ces travailleurs du nucléaire sont avant tout humains, ils plaisantent entre eux, s’étonnent de rencontrer des animaux en totale liberté dans ce spectacle de désertion qu’est devenue la région interdite à tout habitant.
Dans d’autres chapitres, Kazuto Katsuta raconte son parcours depuis les premiers jours suivant la catastrophe jusqu’à ces journées de travail auxquelles il nous convie. Un vrai parcours du combattant ! Il ne suffit pas d’être motivé, encore faut-il que les autorités décident que les opérations commencent… Et cela a pris des mois. Durant lesquels les conditions de vie en communauté dans des dortoirs communs installés à la va-vite et des repas fades n’étaient pas les conditions de travail annoncées et déjà retenus sur salaires…
Sans jugement mais avec un réalisme évident, le mangaka décrit ces premiers mois de travail sans réelle activité, puis les aménagements à son contrat qui lui valurent de faire toute autre chose que ce pour quoi il avait postulé plein de volonté de bien faire avant de finir au cœur de la centrale, afféré à une tâche épuisante qui n’inspire qu’une chose au lecteur : admiration.
Le trait du mangaka est typique du réalisme seinen, avec des personnages expressifs, une attention maniaque aux détails, un traitement des paysages et environnement minutieux de manière à ancrer chaque scène dans un lieu bien défini. La centrale et la région même de Fukushima Daiichi sont au cœur du récit et représentent des personnages à part entière qui enveloppent les ouvriers d’une présence pesante. Cette pesanteur n’est pas que danger, elle se teinte aussi de regrets, sont symboles de drames humains, de la violence du choc, de la rage de l’océan et de la terre, d’espoir aussi. Car l’action des hommes dans cette zone vise à réhabilité cette campagne autrefois si verdoyante où il faisait bon vivre.
Le chara-design n’est guère varié mais permet d’identifier aisément les personnages, essentiellement le narrateur. La mise en scène insiste avec fluidité sur tous les aspects de leur vie, leurs contraintes, leurs déplacements, leurs actions au travail ou en dehors.
La collection Made in de Kana accueille dignement cette œuvre différente, avec un grand format, un papier plus épais, une jaquette gaufrée et une préface accrocheuse signée Karyn Nishimura-Poupée, journaliste de l’AFP basée au Japon e présente à Tokyo le 11 mars 2011.
Sans héroïsme, porté par une abnégation et une volonté dignes de tout le respect possible, le travail accompli chaque jour par ces ouvriers du nucléaire fait plus que nous effrayer. A travers la plume de Kazuto Katsuta, il nous inspire courage et reconnaissance, nous rappelle qu’au-delà du sinistre soupçon de contamination, de maladie et de mort qu’implique une telle activité, le moteur de ces hommes simples et si humains reste le désir de sauver leur pays et, plus largement, l’humanité.

 Points forts : 

  • Un manga sur Fukushima qui explore le cœur de la centrale d’un point de vue unique 
  • On ne fait pas que visiter les lieux, on accompagne le quotidien des ouvriers du nucléaire 
  • Propos à la fois objectif et subjectif 
  • Narration documentée et précise 
  • Met en scène le quotidien des ouvriers sans oublier qu’ils ne sont que des humains 
  • Pas de dramatique, la simple réalité avec un peu d’humour 
  • Personnages sympathiques 
  • Dessin réaliste très seinen 
  • Beaucoup de détails dans le traitement des décors et éléments en tous genres 
  • Mise en scène efficace et nette 
  • Édition française de qualité 

Points faibles : 

  • Néant 
Verdict : Un Excellent Tome !!! 

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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