Notre critique du tome 1 de « Draw »

Kai est un lycéen qui habite une petite ville de bord de mer. Il pourrait être comme beaucoup de garçons de son âge mais il traîne un lourd secret qui s’attache à ses pas sous la forme d’un esprit, celui de la petite Fû. Fantôme de sa défunte petite sœur, Fû ne le quitte que rarement et passe son temps à lui parler, le chahuter jusque dans sa classe. Si difficile que soit parfois cette présence à ses côtés, Kai s’en accommode et bien lui en prend car un jour, alors qu’il est dans le train en route vers le lycée, il croise la jolie Dorô Yomi. Mutique, sans désir apparent de se faire des amis, elle est nouvelle dans l’école mais ne parle à personne. Kai la trouve belle mais comprend qu’elle n’est pas abordable. Soudain le train stoppe brutalement : une jeune fille est passée sous ses rails. Ebahi, Kai voit Yomi bondir hors du train, prendre dans ses bras ce qu’il reste du corps titubant de la malheureuse et réciter une invocation qui l’enveloppe d’une nuée sombre. L’accidentée est morte et bien que son état n’aurait pu lui laisser aucun espoir, Kai entend nettement Fû le mettre en garde : Yomi aurait tué la jeune fille !

« Je suis tombé amoureux de deux sorcières ». Le ton est donné dès la première page alors que Kai se remémore les évènements de l’année précédente et nous invite à le suivre dans ses souvenirs. Nul doute que Yomi est l’une de ces sorcières, avec ses yeux énigmatiques, la poussière noire qui l’enveloppe parfois, les mots inconnus qui sortent de sa bouche et son attitude délibérément solitaire…

Malgré cette introduction à la série Draw, beaucoup d’éléments restent mystérieux. On suppose rapidement que la seconde sorcière du récit est une autre nouvelle venue au lycée, sorte de gothique lolita vénéneuse à souhait qui a tout du cliché ambulant de la sorcière occidentale : sensuelle, elle piège ses proies et futurs serviteurs par leur appétit sexuel et plutôt deux fois qu’une, pour mieux les dévorer ! En dehors de ses approches sans fard qui dévoilent ses atouts physiques, on peine à comprendre son but final quant au sort qu’elle réserve à Kai. A l’inverse de sa rivale, elle ne cesse de vouloir se constituer un petit groupe de serviteurs et ses techniques font froid dans le dos (on vous laisse le suspense). Une chose est sûre, Kai est lié à ces deux sorcières par son passé, les circonstances de la mort de Fû et sa capacité à voir son fantôme. Peu à peu, Yomi cherche à se rapprocher de lui mais dans quel but ? Là encore, il faudra lire la suite !

La mise en place du récit est plutôt efficace mais laisse beaucoup de questions en suspens.

Le dessin de Chaco Abeno est parfait pour ce récit. Il insiste sur l’atmosphère pesante qui entoure Kai et son secret de même que Yomi qui cache elle aussi bien des choses par son rejet des autres. On ressent un mélange d’étrangeté et de tranquillité trop parfaite dans cette ville de bord de mer… Le chara-design n’a rien de très exceptionnel mais il s’adapte à la personnalité de chaque protagoniste et met l’accent sur le cliché des armes de séduction des sorcières. Yomi comme sa rivale ont de bien beaux atouts qui, sans être systématiquement dévoilés, sont habilement dessinés.
Les squelettes côtoient la dentelle, le sang et les nuées d’insectes s’associent au monstre protecteur de Yomi… L’ambiance très seinen est idéale et la mise en scène entretient le suspense.

Ce premier tome de Draw n’est pas parfait mais il met bien en place un récit qui plaira aux fans de seinen glauque empli de jolies héroïnes.

Verdict : Un Bon Tome !!!