Dessinateur : Yuki Sato
Scénariste : Mikoto Yamaguchi
Éditeur : Soleil Manga
Collection : Seinen
Genre : Suspense, Thriller
Public : Averti
Site officiel : Non
Sortie : 23 novembre 2016
Prix : 7,99€
Statut de la série : En cours de publication
Yûichi a toujours eu des soucis d’argent mais, dès qu’il l’a pu, il a travaillé afin de subvenir à ses besoins. Lycéen courageux vivant seul, il travaille avant et après les cours, tous les jours et tente de profiter au maximum de son adolescence comme par exemple partir en voyage avec sa classe en dépit du coût. Car ce qui importe le plus pour lui sont ses quatre amis et la perspective de cette petite expédition scolaire les enchante. Cependant, à quelques jours du départ, l’argent versé par l’ensemble de la classe est dérobé et les deux premières personnes soupçonnées sont parmi les amis de Yûichi. Convaincu de leur innocence, il cherche comment les aider quand un message le presse de venir à un rendez-vous nocturne. Surpris mais inquiet, le jeune homme se précipite sur place pour y trouver ses camarades. Tous ont été invités de la même façon que lui. Avant qu’ils puissent comprendre, ils sont attaqués et Yûichi s’évanouit. A son réveil, ils sont séquestrés par un mystérieux personnage qui leur fait une étrange proposition : qu’ils participent au jeu de l’amitié afin de rembourser la dette de 20 millions contractée par l’un d’entre eux ! Incrédules, les cinq adolescents écoutent leur ravisseur expliquer que la somme du voyage scolaire représentait 10% de cette dette, un acompte versé par le débiteur. Sans autre choix, les cinq amis restent soudés et commencent à jouer à ce jeu dont les règles s’avèrent vicieuses et retorses à souhait. Tout échec augmente la dette et aucun des joueurs ne semble prêt à se dénoncer… Lequel d’entre eux est le voleur qui les a entraînés dans ce traquenard ? Leur amitié va être mise à rude épreuve.
Bienvenue dans le monde merveilleux du survival cérébral… Ah, non c’est vrai vous connaissez déjà. Comment y échapper alors que ce genre envahit de plus en plus le seinen avec plus ou moins d’originalité ou de quoi accaparer l’attention du lecteur et peut-être sa fidélité ? Friends & Games ne renouvelle pas le thème même si ce premier tome ne sombre pas d’emblée dans les trappes tendues par une redondance mécanique narrative.
Le personnage principal s’impose assez vite comme un individu qui n’est pas le gentil garçon qu’il tente d’être ou de faire paraître. On devine même assez bien combien il aimerait lui-même se convaincre qu’il est sincère avec les autres mais il se ment et leur ment tout autant… Preuve en est : dès que la situation commence à tourner au vinaigre, Yûichi voit ressurgir ses démons et avec eux son mode survie s’enclenche, avec ses doutes et ses soupçons tournés vers ses « amis ».
Parlons de ces « amis » qui sonnent faux dès leur entrée en scène, à tel point que le rendez-vous nocturne, loin de la supposition que voudrait glisser le scénariste, ne laisse aucun doute : au lieu d’une déclaration d’amour, on va tomber dans un piège (grossier).
Entendons donc que les fans de ce genre de récit ne se laisseront pas berner un instant par les maigres tentatives du paraître sympathique de ses protagonistes. Mais ce n’est pas ce raté qui enlise le propos de Mikoto Yamaguchi, plutôt les trop nombreuses pages consacrées aux explications et mise en marche d’une première partie du jeu de l’amitié auquel les kidnappés sont « contraints » de participer. Quelque chose ne fonctionne pas et le suspense s’en ressent. Même si l’un des personnages tente de mettre en avant l’impossibilité de cette fameuse dette faramineuse que chacun aurait contracté, quelle en est la preuve ? En quoi les dires du mystérieux maître chanteur qui, un temps, se cache derrière un bonhomme sorti d’un animé, impliquent-ils réellement le quintet ? Après tout rien ne les empêche de refuser le jeu, de chercher à s’évader et de défier légalement leur kidnappeur afin qu’il prouve le bien-fondé de cette mascarade. Certes, il y a le vol de l’argent à l’école mais de là à multiplier cette somme par 100… il y aurait matière à se défendre. Pourtant, les protagonistes se laissent prendre au piège et donc au jeu… Mais cette absence de crédibilité scénaristique pollue le récit et même si la malignité des règles de cette première partie sont tordues et pas mal imaginées, l’ensemble peine à séduire.
Seule l’apparition furtive du vrai visage de Yûichi suggère une tension et une avancée intéressante qui s’évanouit aussitôt. Enfin, la découverte du vrai visage du maître chanteur ôte définitivement l’outil idéal à tout huis-clos des mains de l’auteur. On ne sait rien de ce double personnage mais son aspect et ses manières font écho à un enfant gâté qui, par ennui de tout, prend plaisir à attaquer autrui.
Le dessin de Yuki Sato est un travail de bon élève, adapté au récit, il ne brille pas par son chara-design très cliché chargé d’illustrer le rôle de chacun dans le groupe (le héros à deux visages, le dragueur, l’intello, la fille sûre d’elle et leader naturel, la fille mignonne mais timide qui a besoin d’être protégée) mais fait de beaux efforts de mise en scène et en cases destinées à clarifier le propos très riche en texte. Quelques flash-backs encartés de noir ajoutent des informations sur la relation entre les cinq protagonistes et trois (trop rares) cases annoncent le traumatisme passé du héros.
Après ce premier tome un peu fade et manquant de réalisme, on souhaite une suite faite de coups d’éclats mais on se demande comment Mikoto Yamaguchi, pourrait y parvenir.
Points forts :
- Personnage principal avec un bon potentiel
- Propos visiblement réfléchi (même s’il s’enlise)
- Passé du héros qui pourrait devenir un très bon axe de lecture
- Dessin adapté au récit
- Édition française sans défaut
Points faibles :
- Scénario peu crédible
- Personnages trop typés, clichés ambulants
- Suspense qui retombe très vite car situation peu réaliste
Verdict : Un Tome Moyen !!!