Notre critique du tome 1 de « Gate – Au-delà de la Porte »

En plein été, sous le soleil d’une fin de matinée, une porte fait irruption dans le quartier bondé de Ginza et déverse une armée de créatures et de soldats en armure montant des dragons qui se rue sur les passants, dévorant, brûlant, découpant les malheureux. Le lieutenant Itami n’est pas loin de là, il prend son pied à une convention, lui qui est un otaku fier et connaisseur. Il ne lui faut pas longtemps pour réagir et hurler ses ordres aux représentants de l’ordre et de la sécurité publique sur place. Grâce à lui, beaucoup ont la vie sauve tandis que les forces armées d’auto-défense rallient les lieux et repoussent l’envahisseur à grand renforts de tirs en tous genres. L’ennemi brutal et soudain, se retranche de l’autre côté de la porte, regagnant son monde. Mais l’armée japonaise entend ne pas en rester là : cette porte reste sur place et la menace demeure aussi. Itami s’étant fait remarquer, il est désigné pour commander un groupe qui ira au-delà de la porte, explorer le monde de l’envahisseur et déterminer ses intentions.

L’Heroic Fantasy est un genre qui connaît les faveurs de l’univers manga et games mais le réalisme mêlé à la Fantasy reste quelque chose d’assez anecdotique dans le scénario des œuvres existantes. Gate au-delà de la Porte s’arroge donc dès le début une belle part d’originalité et démarre avec panache !

Ce tome 1 franchement réussi installe d’emblée un propos énergique et des personnages hauts en couleurs. Dès les premières pages, la porte magique ouvre la communication entre les deux mondes et laisse déferler une armée de cavaliers en armures à dos de chevaux et de dragons précédés de créatures monstrueuses, trolls et orcs en tête, de piétaille lourdement armée. Le massacre est vif, violent, sans pitié au cœur de Tokyo. Il faut toute la vivacité d’esprit du jeune lieutenant Yoji Itami, otaku en pleine visite d’une convention qu’il refuse de voir gâchée, pour assister les unités de secours dans l’urgence et sauver le plus de gens possibles. Et cette réaction efficace le désigne bien malgré lui, une fois les forces armées ayant repris le dessus, pour mener un groupe de soldats en terre inconnue, de l’autre côté de la fameuse porte.
L’aventure commence fort mais tout est rapidement mis en place et de manière réaliste.

Une seconde partie commence avec l’entrée en scène progressive du royaume belliqueux et de son souverain dévoré d’ambition, d’une elfe orpheline, d’une apprentie magicienne, d’une servante du dieu de la guerre, d’une princesse rêvant de faire ses preuves à la bataille, d’un magicien faussement gâteux mais bienveillant…

Yoji est un héros assez typique : un physique banal, un penchant maladif pour tout ce qui rappelle sa passion d’otaku mais un esprit vif au sommet de l’efficacité en toute circonstance, un cœur trop pur et une intéressante capacité d’adaptation et d’apprentissage des langues étranges.  

Parmi les nombreux personnages secondaires mis en place, on trouve un ensemble éclectique classique du genre fantasy : une jolie elfe, une magicienne en devenir encore adolescente mais décidée, des coéquipiers soldats qui font confiance à leur leader et réagissent de concert. Petit élément un peu en dehors du lot : la servante du dieu de la guerre vêtue en gothique lolita, aux allures de gamine mais visiblement affublée d’un caractère à l’opposé de son physique juvénile !

Le dessin est ainsi en total accord avec l’identité de chaque protagoniste, de son rôle, de sa personnalité. Les environnements et décors insistent tant sur l’urbanisme de Tokyo que sur les larges étendues de verdure de l’autre monde, martyrisée par les affrontements, les pilleurs, les voleurs, les attaques que se livrent les habitants du monde de l’envahisseur où les champs sont ravagés, la population de villages entiers brûlée vive… Les ciels chargés de trames pour signifier l’épaisse fumée annonciatrice de tristes découvertes laisse planer les atmosphères de macabres découvertes avec autant de force que l’enchaînement dynamique des cases rend la fluidité du récit, dans les moments de latence comme en pleine action.

Ce premier tome de Gate au-delà de la Porte est à la fois prometteur d’une très bonne série du genre et parfait exemple que les codes de la Fantasy peuvent être parfaitement utilisés pour créer un univers bien particulier à un auteur. Les deux mangakas réussissent un pari audacieux qui donne envie de lire la suite des aventures de Yoji !

Verdict : Un Excellent Tome !!!