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Japon

Notre critique du tome 1 de « Levius Est »

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Dessinateur : Nakata Haruhisa
Scénariste : Nakata Haruhisa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
Genre : Post-Apocalyptique, Drame, Science-Fiction
Public : Averti
Site officiel : Kana
Sortie : 6 janvier 2017
Prix : 12,70€
Statut de la série : En cours de publication

Cela fait un an que le combat titanesque opposant Levius à A.J. s’est terminé, offrant une scène mémorable à tous les spectateurs de l’arène et provoquant la disgrâce du consortium Amethyst qui avait fait de la jeune femme non seulement son meilleur agent mais son arme ultime. Bien que Levius en soit sorti vainqueur, il est dans un état grave qui s’améliore très lentement et ne permet aucun pronostique rassurant. Son coma est hanté de douleurs auxquelles s’ajoutent les cauchemars incessants qui le replongent au cœur de la guerre, lors de la bataille qui, manquant de le tuer, lui pris son bras droit et sa mère. Son oncle Zack n’est guère en meilleure santé : ayant usé de ses propres ressources bio-mécaniques pour soutenir Levius lors du combat, il s’éveille pour découvrir son triste état, celui de son neveu et apprendre qu’en un an, le monde a dangereusement changé. Avec la chute d’Amethyst, société privée qui a autrefois doté l’armée de soldats mécaniques suprêmes et entendait bien rester maître du nouvel ordre international, l’équilibre du monde ne tient plus qu’à un fil. Un accord a été trouvé entre les états : plus d’expérimentations militaires sur le bio-mécanique, les recherches sont devenues le domaine exclusif de la boxe mécanique. Ainsi donc, le prochain grand vainqueur des tournois dans l’arène sera considéré comme le soldat suprême et aura toute autorité sur le monde : lui garantir la paix ou le pousser la guerre. Atterré, Zack n’a qu’une priorité : aider Levius à guérir mais pour ça, il a besoin des connaissances de A.J. qui, en malheureuse héritière du savoir d’Amethyst, détient nombre de secrets scientifiques sur la subtile alliance corps-mécanique. Mais voilà : si A.J. s’en est bien mieux sortie que Levius, elle est devenue amnésique et demeure emprisonnée, à la merci de robots qui, au moindre geste suspect de sa part, la détruiront…

Seconde saison de ce que l’on peut maintenant appeler la saga Levius, Levius Est s’éloigne provisoirement du seul point de vue de son héros pour mieux reprendre la plus large thématique restée longtemps en filigrane dans la première saison : comment le destin d’un jeune homme peut-il influer sur celui du monde ?
Par un habile procédé de flash-backs et de remise en situation de personnages phares absents du monde pour cause médicales, Haruhisa Nakata fait en sorte de plaire à un large lectorat : les fans de la première saison n’ont pas la mauvaise sensation de répétition d’un contexte connu et les néophytes découvrent l’univers de la série sans s’y trouver perdus.
Les cauchemars de Levius sont à la fois naturels vu son état et bienvenus pour nous le faire découvrir un peu mieux car, jusqu’ici, on n’avait eu que des bribes de son passé. Ici, on redécouvre la tragédie qui l’a transformé en boxeur mécanique et fait de lui un être prêt à tout pour sauver A.J., une parfaite inconnue en laquelle il a reconnu la détresse de sa mère disparue et victime d’un monde de violence. Ce personnage un rien anti-héros tant il est peu liant ne nous en est que plus sympathique encore, on perçoit sa propre détresse et sa détermination, source d’une force morale qui atteint un physique poussé à ses plus extrêmes possibilités.
Autour de lui, et par l’entremise de son oncle Zack et de Bill, l’ingénieur de génie en charge de son bras, un contexte modifié se fait jour. La menace d’Amethyst a disparu du paysage grâce au combat presque mortel de Levius et A.J. mais ce n’est qu’une illusion tant les conséquences ne sont guère plus réjouissantes. Certes, le danger imminent représenté par l’appétit féroce du dirigeant d’Amethyst est écarté mais la fureur du duel de ces deux boxeurs a provoqué une prise de conscience lourde de sens : la technologie à vapeur qui a permis de créer des soldats suprêmes et des boxeurs capables de prodiges est bannie de l’armement pour n’être autorisée que dans la recherche et la pratique de la boxe mécanique. Ainsi, les tournois qui verront s’affronter les boxeurs seront les nouveaux champs de bataille et d’expérimentation, et le grand vainqueur, reconnu comme le plus puissant des combattants, aura tous les droits. Dans un monde qui ne doit son salut et son existence qu’à la technologie à vapeur après un conflit planétaire, cette vision défendue par le mangaka n’a rien de fantaisiste et offre un suspense palpitant à cette suite de Levius.
Le sort du monde reposant sur leurs épaules, les personnages gagnent encore en charisme. Zack, l’oncle qui, sous des dehors farfelus, est très réfléchi et investi dans l’avenir de son neveu reste son meilleur allié. Bien que très mal en point, il met sa santé à peine recouvrée en jeu pour faire en sorte qu’A.J. retrouve ses souvenirs du temps où elle a appris d’Amethyst. Pour lui, qu’importe qu’elle reste une menace ambulante de par son statut de la parfaite incarnation faite chair du super soldat, ses connaissances scientifiques peuvent sauver Levius du coma et de la douleur. Au risque de sa vie, Zack va à sa rencontre et l’oblige à se souvenir de son duel contre Levius, de ce qu’il a mis en jeu pour lui venir en aide et la sauver d’Amethyst. Le déclic se fait et c’est encadrée d’hommes en armes qu’elle va voir un Levius mourant et donne les informations nécessaires aux ingénieurs pour le sauver.
Dès lors, si le destin du jeune boxeur mécanique ne fait que reprendre sa route, celui d’A.J. se tourne vers le recouvrement de sa mémoire et l’utilisation de son savoir au service de son sauveur. Elle va apprendre à devenir ingénieur auprès de Bill, de Zack et se reconstruire doucement auprès de Levius. Entre eux, ce n’est peut-être pas encore une tendre romance, la douleur reste, physique et morale, le traumatisme aussi, mais leur complicité ne fait plus un doute.
La suite nous promet bien des péripéties car le milieu de la boxe mécanique recèle bien des combattants à découvrir ainsi que nous le présente le dernier chapitre mais surtout, bien des questions restent à élucider, notamment ce qu’il est advenu du jeune frère d’A.J., toujours aux mains d’Amethyst dont on sait maintenant toute la folie dans l’horreur des expérimentations…
Sublime maîtrise esthétique, l’art de Haruhisa Nakata ne se départit pas un instant de sa superbe singularité. Réaliste à souhait, tout y est sans défaut, du chara-design affirmé au foisonnement de détails de qui environne les protagonistes en passant par le dynamisme de l’action et la sensibilité des expressions. La mise en cases alterne méthodiquement les plans large et les gros plans sur les visages, surtout les yeux qui expriment les pensées, la volonté, la terreur, la douceur, la tristesse, les tourments de l’âme. Aussi bon qu’un story board, le défilé des pages enchaîne les scènes de combats, les coups portés, la terre dévastée par la guerre passée, le sang éclaboussant les ruines, les corps en souffrance, les retrouvailles entre protagonistes, les réminiscences enflées de culpabilité, de douleur, de courage, les rares instants de paix et de réflexion propices aux prises de décision. Le calme n’est jamais qu’apparent dans la trame scénaristique de Levius et le dessin illustre parfaitement ce paradoxe de personnages qui ne sont que de simples humains plongés dans une guerre sans nom, sans visage, des enjeux qui les dépassent.
Saluons le travail éditorial de Kana sur ce titre : comme pour la première saison, l’éditeur nous propose un format qui double celui du manga standard, choix judicieux qui permet d’admirer toute la qualité graphique de l’œuvre de Haruhisa Nakata accompagné de pages couleurs et cette fois-ci d’une couverture semi-rigide. En bonus avec ce tome, une double page finale relatant la rencontre entre le mangaka et un dessinateur dont il est admirateur, Juanjo Guarnido auteur de Blacksad, et à l’issue de laquelle, ils ont partagé la plume pour créer des illustrations inédites. La reproduction d’une de ces illustrations est d’ailleurs offerte avec ce tome 1 de Levius Est.
Toujours plus fort, Levius revient des frontières de la mort pour un nouveau combat, plus féroce, plus vital pour lui et les siens, un combat qui déterminera l’avenir du monde. Avec ce nouveau cycle, Haruhisa Nakata nous entraîne dans les pas plus déterminés que jamais de son héros.
Points forts : 
  • Mise en place d’un nouvel enjeu pour les combattants de boxe mécanique : le monde 
  • Contexte du récit qui a évolué et clairement expliqué 
  • Crédibilité d’un récit SF 
  • Second cycle accessible à tous les lecteurs même ceux qui n’ont pas lu le premier 
  • Évolution des personnages + + + 
  • Personnages sympathiques et attachants + + 
  • Suspense + +
  • Action  + + +
  • Développement de la nature de la technologie bio-mécanique à vapeur + + 
  • Esthétisme sublime comme dans le premier cycle 
  • Ensemble graphique au service du récit 
  • Chara-design + + + 
  • Mise en cases et en pages + + +
  • Travail sur tous détails + + + 
  • Grand format manga 
  • Pages couleurs et bonus 
  • Édition française de grande qualité 
Points faibles : 
  • Néant 

Verdict : Un Excellent Tome !!! 

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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