Notre critique du tome 1 de « Noragami »

Yato est un dieu mais pas n’importe lequel… Dans les faits, Yato est une divinité ignorée des humains sans aucun autel à son nom. Il n’a donc aucune prière ni aucun don et pas de toit. Pour gagner la renommée qui lui manque, il passe son temps à écrire une annonce un peu partout, proclamant qu’il peut aider quiconque en a besoin et ce quel que soit son problème. Bien entendu, seuls les humains désespérés peuvent voir ses messages. Lorsque cela arrive et que Yato reçoit enfin un appel, il surgit devant son futur adorateur et accepte, contre rétribution de le débarrasser de son souci. Et bien souvent, ces problèmes sont liés à leur interaction non voulue avec des créatures des enfers qui peuplent le monde des mortels et influencent leur existence. Grâce à son shinki, Yato peut terrasser toutes les mauvaises créatures. Mais ses manières, son franc parlé, son allure hautaine et son orgueil démesuré ne lui rapportent en général que peu de crédit. Autant dire qu’il n’est pas prêt d’avoir son autel et ses adorateurs vénérés… Mais voilà que ce dieu sans classe croise un jour le chemin de Hyori, une lycéenne au grand cœur qui n’hésite pas à se jeter au-devant d’un bus pour lui sauver la vie, ignorant évidemment qu’il n’en a nul besoin. Coupable involontaire du trépas qui aurait pu frapper Hyori, Yato use de son pouvoir pour la garder en vie. Mais ce faisant, il lui impose une nouvelle nature : du jour au lendemain Hyori s’endort tout le temps, n’importe où, et son âme part en balade. Pire encore, elle peut voir toutes les créatures néfastes qui peuplent le monde des humains. Face à cette situation inconfortable, elle supplie Yato de lui venir en aide. Elle ignore encore que leur partenariat ne fait que commencer…

Attendu par les fans de la version animée, Noragami est enfin arrivé en version française, licencié par Pika. Comme cela est devenu la coutume chez les éditeurs mangas en France, les deux premiers tomes sont sortis simultanément, histoire de bien asseoir un lectorat fidèle. Effort sympathique mais inutile : la qualité est là et indiscutable.

On retrouve Adachitoka, la dessinatrice de l’excellent Alive Last Evolution, seule aux commandes cette fois-ci puisque son mentor et scénariste sur sa première série, Tadashi Kawashima, a brutalement quitté ce monde à l’âge bien trop jeune de 41 ans…
Le ton du récit se veut résolument plus léger et comique dans Noragami.

Le héros est un individu au caractère mal dégrossi, caractériel, désagréable et hautain, bref qui n’a rien de séduisant mais révèle parfois une nature moins sévère et désinvolte envers les mortels qu’on ne pourrait le penser. Fier comme pas deux, Yato n’en use pas moins des moyens les moins classes pour attirer le client, allant jusqu’à laisser sa petite annonce dans les toilettes des filles d’un lycée ! Et s’il ne refuse aucun contrat, ce n’est pas uniquement par souci pécunier ou matériel car, malgré ses dires, on comprend vite qu’il aime bien les humains. Bref, Yato n’est pas sans rappeler nombre de ses homologues de papier mais version adolescente d’allure et obsédée par l’argent.

Son exact opposé, Hyori, est une jeune fille généreuse, attentive aux autres, qui s’adapte rapidement à sa nouvelle nature et fait avec, espérant que son dieu de pacotille tiendra parole. Elle ne lui lâche pas les basques mais ne le blâme pas pour autant. Grâce à elle, on devine que Yato va évoluer un peu, gagner en maturité et peut-être obtenir ainsi ce à quoi il aspire mais de manière plus… méritée.
Intervenant en fin de tome, Yukine, le nouveau shinki de Yato prend la forme d’un fantôme adolescent errant qui n’a pas l’air ravi de devenir le serviteur de ce dieu mal vêtu.

Adachitoka soigne l’entrée en scène de ses personnages, installe un environnement peuplé de règles régissant les interactions entre les mondes et y place ses pions de manière simple, sans dialogues à rallonge et s’assure de toujours garder une première place pour l’humour. Car si Yato a sa dose d’action et de tuerie de monstres, l’humour prend le plus souvent le pas sur l’action dans ce premier tome qui est un pur régal.

Dessinatrice avant tout, Adachitoka présente Noragami avec un graphisme très esthétique conforme à la qualité déjà remarquée dans Alive Last Evolution, ajoutant le plaisir des yeux à une histoire qui accroche de suite. Design des personnages, grimaces et traits d’humour, mise en scène fluide et rythmée de l’action, déroulement du récit dans une succession de cases bien remplies, aux décors bien présents, faisant se succéder jour et nuit, posant une atmosphère riche… Tout est là, ni trop ni trop peu.

Noragami commence fort avec ce tome 1 et si le second tome n’était pas nécessaire à l’accroche marketing, il fait bon être disponible pour une série qui promet d’être addictive.

Verdict : Un Excellent Tome !!!