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Critique Manga

Notre critique du tome 2 de « Levius »

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Dessinateur : Nakata Haruhisa
Scénariste : Nakata Haruhisa
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
Genre : Science-Fiction, Drame, Post-Apocalyptique
Public : Public averti
Site officiel : Kana
Sortie : 22 janvier 2016
Prix : 12,70€
Statut de la série : Terminée en 3 tomes

Après le féroce combat opposant Hugo à la mystérieuse A.J., Levius explose. Il est intervenu pour sauver Hugo mais ne peut se retenir de s’en prendre de nouveau à la jeune combattante au sortir de l’arène. La différence de force est flagrante et Levius tombe, sérieusement blessé. Son oncle met tout en œuvre pour le faire soigner par Bill, leur ingénieur. Ce dernier rappelle à Levius que son bras est une prothèse médicale, par un artifice fait pour le combat ! Remis, Levius affirme qu’A.J. lui aurait soufflé un appel à l’aide lors de leur échange. Il veut comprendre ce qu’elle voulait dire et veut la revoir. Grâce au père d’Hugo, Levius la retrouve mais se jette dans la gueule du loup. A.J. est la propriété d’Amethyst, le plus gros consortium armé du monde. Il a mis fin à la dernière guerre dans le sang grâce à un armement sophistiqué dont est issue la technologie de la boxe mécanique… Et il veut reprendre le pouvoir!
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Ce tome 2 monte d’un cran à tous points de vue. La violence du duel Hugo-A.J. qui termine le premier volume est déjà impressionnante et ses conséquences dramatiques sautent aux yeux dans les premières pages de cette suite. Mais la force de combat de cette challenger mêlée aux enjeux politiques mondiaux profile un final remarquable.
Tout ce que l’on aime du manga et de la BD SF post-apocalyptique mariant les chairs, les machines, les sentiments, la politique, les complots armés et les expérimentations malsaines est réuni dans un scénario qui ne cesse de s’étoffer.
On croyait Levius fermé à tout sentiment en dehors du lien qui le lie encore à sa mère. Mais voilà qu’il prend la défense d’un adversaire au risque d’être blessé ou sanctionné. Il en oublierait jusqu’à son rêve d’intégrer le prestigieux groupe de niveau I des boxeurs mécaniques pour sauver une femme qu’il ne connaît pas, qui ne être qu’une une poupée animée de rage et de violence…
Cette impulsivité le rend plus humain encore, prouve qu’il n’a rien abandonné ni oublié de son passé. Sans être un homme exceptionnel, il est un humain qui, à la force de ses poings, peut initier un changement vital pour ses semblables.
Pour quelle raison tient-il tant à venir en aide à A.J.? Elle ne lui répond que par la férocité et promet d’être le maillon essentiel d’un piège bien tendu par Amethyst. Les pistes semées par Haruhisa Nakata sont multiples. Peut-être parce qu’elle lui rappelle sa mère pour laquelle il n’a rien pu faire autrefois. Peut-être souhaite t-il en la sauver pour prendre sa revanche sur Amethyst. Ou bien est-ce un coup de foudre? Les réponses sont sans doute tout aussi multiples. Le fait est que la détermination de Levius accroche le lecteur, qu’elle prend aux tripes et renforce un suspense déjà prenant.
D’A.J. on apprend peu de choses mais suffisamment pour lui vouer une certaine sympathie. Aux dires de son « créateur », chef d’Amethyst, elle serait privée de ses sens, de ses émotions, de son cœur, pour n’être que la parfaite machine à tuer. Mais Levius puis son oncle perçoivent sa confusion, sa détresse derrière son déchaînement de violence. Chacune de ses apparitions présente un nouveau stade dans sa condition d’esclave dévolue à Amethyst. Fascinante, inquiétante, A.J. est une clé pour l’avenir de Levius et du monde. Mais de ses origines, de ses souffrances passées, de son identité, nous ne savons encore rien. Quelques éléments incitent à quelques hypothèses.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste. Le devenir tragique d’Hugo pourtant grosse brute vulgaire dans le premier tome est ahurissant et repoussant. Il illustre également toute l’horreur qui attend les vaincus de la boxe mécanique s’ils survivent au combat. C’est aussi par ce personnage qu’un autre élément crucial est présenté par Haruhisa Nakata : l’ambition des ingénieurs.
Dans ce monde post-apocalyptique où se côtoient technologies futuristes et vieilles recettes héritées de la fin du 19e siècle, les ingénieurs de talent cherchent à réaliser leurs ambitions. Bill, l’ingénieur militaire reconverti, trouve un nouveau souffle. Peu de remords, une suprême maîtrise de son art font de lui un protagoniste aussi peu digne de respect que le chef d’Amethyst avec son obsession du carnage.
Ces deux ingénieurs jouent avec la vie de leurs poulains, ils s’amusent de les voir se déchirer pour le plaisir de la foule. Ils ne souhaitent secrètement qu’une chose : qu’ils apportent la preuve de leur propre génie. Néanmoins, Bill n’est pas aveugle aux souffrances de Levius. Il ne lui cache pas les rudes conséquences d’un combat qui peut le pousser au summum de la douleur et pire. Bill demeure un ami pour Zack, l’oncle et entraîneur de Levius, et ne manque pas une occasion de le soutenir. Narrateur pour le lecteur, il expose les retombées politiques attendues ou craintes du combat Levius vs A.J.
Aspect narratif peu présent jusqu’à ce tome 2, les buts réels d’Amethyst et des pays qui lui sont favorables s’invitent. Ils nourrissent ainsi le rôle de sauveur de Levius. L’ancien consortium militaire cherche à regagner puissance et légitimité pour reconquérir un pouvoir perdu avec l’arrivée de la paix. Manipulant les Etats par cette démonstration de sa science, offrant une icône qu’il peut multiplier à l’infini pour constituer une armée, Amethyst joue pour gagner. A la clé, une main mise sur la force armée internationale. Mais si Levius gagne… Notre héros, lui, ignore tout de ces tractations de l’ombre, il suit son propre chemin, sa quête de lui-même.
Haruhisa Nakata créé une histoire puissante, construite minutieusement autour de personnages à facettes qui évoluent selon un plan précis. Scènes d’une brutalité explosive, échanges mouvementés, prix à payer, présentation psychologique des personnages, exposition des tenants et aboutissants politiques… Le récit suit une logique que l’on ne parvient pas à lâcher avant la dernière page.
Toujours élégant, intense, détaillé, puissamment expressif et différent, mélange de codes et du style propre de son auteur, le dessin sublime la narration. On est autant séduit par le texte que par ces images qui lient coups et mouvements des combattants en une danse superbe macabre. Le trait affiche l’intensité des visages et des regards valant bien des mots, s’attarde sur un coin de rue, une vue. La maîtrise de l’artiste décrit la furie des spectateurs, la folie du chef d’Amethyst, l’absence provoquée de conscience d’A.J., la détermination de Levius, l’inquiétude de Zack, la détresse du père d’Hugo. Et mêle habilement l’hyper-technologie à l’utilisation de vestiges du passé, à un environnement d’un autre âge… L’encrage est peu poussé et renforce le tracé qui fait l’esthétique de ce manga hors normes. Le rendu global insiste sur l’atmosphère et l’intensité générales.
Définitivement créé pour un public international, Levius aborde fièrement toutes les caractéristiques d’un genre auquel on pardonne peu de choses. Puissant, direct et sans emphase, ce titre présente à la fois la destinée d’un héros et d’un monde traumatisé par la guerre qui plonge lentement dans une nouvelle forme de guerre. L’impression de qualité, les pages couleurs et surtout le grand format (21 x 15) rendent justice à ce manga incontournable de la collection Big Kana.
Vivement la suite !

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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