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Japon

Notre critique du tome 3 de « Dead Demon’s Dededede Destruction »

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Dessinateur : Inio Asano
Scénariste : Inio Asano
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
Genre : Tranche de vie
Public : Averti
Contenu : 164 pages
Prix : 7,45€
Sortie : 21 avril 2017
Statut de la série : En cours de publication

Suite au dernier « accident », le pays semble au bord de l’explosion. Un appareil issu du vaisseau mère a été abattu et s’est écrasé sur un quartier de Tokyo. Il y a plusieurs victimes et des envahisseurs se sont éparpillés un peu partout. L’armée intervient alors même que la société S.E.S. en charge de l’intervention, du projet de défense Fujin et de la construction du canon géant à l’origine du crash se défend publiquement arguant de nombreux mensonges et contre-vérités. Mais pour le petit cercle de Kadode et Ôran, le monde change brutalement : l’une d’entre elles est au nombre des morts…
Conservant sa ligne narrative, Inio Asano joue les équilibristes chevronnés entre ses différents personnages, chacun représentatif d’un point de vue du récit.
A la candeur forcenée mais pas si naïve de ses héroïnes, le mangaka oppose le rationalisme d’Hiroshi, l’hypocrisie politicienne du patron de la S.E.S. ou encore le défaitisme égaré du jeune couple Naoki/Hikari.
Le contraste saute aux yeux entre le discours visiblement formaté du PDG de la S.E.S. et les faits réels : les dégâts provoqués par le tir non divulgué et peut-être même non autorisé, les consignes données à l’armée qui ne doit pas tuer trop d’envahisseurs, juste ce qu’il faut pour calmer population… Il s’accentue encore à travers le regard des autres protagonistes, héros représentatifs d’une partie de la population ainsi prise en otage.
Il n’y a pas de guerre sans argent, il n’y pas d’argent sans guerre… Inio Asano illustre ici une certitude historique si souvent démontrée. En parallèle du quotidien des protagonistes, le discours du mangaka souligne l’évidence : les autorités sont complices de la société S.E.S. Marchant main dans la main, ils entretiennent la peur et nourrissent la haine envers des envahisseurs qui se contentent d’être là, ne se montrent pas ou peu en dehors de leurs vaisseaux et donc sont peu belliqueux. Lorsqu’ils sont attaqués, ils succombent mais ne répliquent pas, du moins pour le moment… L’évidence se fait jour à mesure que tous les acteurs tirant profit de la situation se regroupent, invitant même de nouveaux complices à les rejoindre. Des entreprises privées saisissent alors l’opportunité née de la psychose et transforment leurs employés en chasseurs d’envahisseurs.
En marge, la petite vie bouleversée du quintet d’adolescentes se poursuit. Mais le crash récent invite la mort parmi elles. C’est un coup dur pour les filles du petit groupe si animé. La disparition de Kiho les frappe par sa soudaineté qui rend le deuil difficile comme irréel. Chacune à leur façon, les quatre adolescentes acceptent la réalité et envisagent différemment leur vie et l’avenir. Kadode et Ôran tentent tout de même les concours d’entrée en fac et Ai refuse poliment la déclaration d’un soupirant pour lequel elle avait pourtant un faible depuis la première année de lycée, estimant qu’elle est déjà suffisamment heureuse, comme si accepter plus serait tenter le diable… Au final, elles quittent l’enfance avec le lycée et la perte brutale de leur amie mais elles n’aspirent qu’au bonheur paisible et à une amitié éternelle, espérant que la vie ne les changera pas plus.
Pourtant, Inio Asano termine ce tome avec de simples mots annonciateurs d’une catastrophe. Qui en sera l’auteur, les humains ou les envahisseurs ? Ou les deux ?
La splendeur esthétique du maître mangaka n’est plus à démontrer, elle est unique et inimitable, nourrit le scénario et peut même remplacer les mots par certains moments tant elle est réaliste, foisonnante de détails, expressive, millimétrée de tout ce qui fait le quotidien nippon de nos jours et ne peut qu’être louée comme évidemment respectueuse de tout ce qu’écrit l’artiste.
Dead Dead Demon’s Dededede Destruction nous mène lentement, avec un suspense latent, une grande sensibilité et un réaliste cynique vers un dénouement plus inquiétant encore du fait que l’on s’attache inexorablement à ses jeunes héroïnes.

Points forts : 

  • Allégorie réaliste de ce qui fait nos sociétés contemporaines 
  • Récit engagé, réaliste et sensible 
  • Personnages attachants 
  • Caractères et psychologie de chaque protagoniste bien construit 
  • Narration agréable à suivre 
  • Humour + + 
  • Style graphique sans égal, typique du mangaka 
  • Chara-design bien défini 
  • Expressions révélatrices 
  • Superbe qualité dans le traitement des arrières plans et décors 
  • Équilibre parfait personnages/environnements 
  • Mise en scène + + + 
  • Édition française sans défaut 

Points faibles : 

  • Allégorie avec catastrophe de Fukushima est moins évidente même si l’ensemble reste une allégorie de nos sociétés présentes 

Verdict : Un excellent tome !!! 

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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