Dessinateur : Touta Kitakawa
Scénariste : Mikoto Yamaguchi
Éditeur : Delcourt / Tonkam
Collection : Tonkam
Genre : Horreur, Suspense
Public : Averti
Site officiel : Non
Prix : 7,99€
Sortie : 30 novembre 2016
Statut de la série : En cours de publication
Tomohiro filme toujours le professeur Eri lorsque l’attitude de la jeune femme change du tout au tout : alors qu’elle était supposée se faire agresser et violer, la belle devient plus qu’entreprenante ! Sous les regards incrédules de Tomohiro et Miwa, leur prof incite même ses agresseurs à se laisser aller à leurs désirs les plus pervers. La scène est insoutenable et seule Mai n’en ressent aucune gêne. Et pour cause, elle connaît le passé du professeur Eri, elle sait que la belle a autrefois connu le grand amour avec un élève et que les choses ont mal tourné, laissant la jeune femme traumatisée et l’esprit à jamais détraqué. Alors que le vice des ébats se termine, Tomohiro et Miwa constatent en effet qu’Eri fait payer cher les faveurs de son corps…
Toujours plus loin et plus fort dans le genre malsain, Dead Tube monte de plusieurs crans dans ce troisième tome. A la lecture des deux premiers volumes, on ne s’attendait pas à un changement de ton radical mais il est évident que Mikoto Yamaguchi se plaît à servir très froid une suite qui glisse irrémédiablement dans l’horreur morale.
Pour être original, Dead Tube l’est, mais on s’interroge sur l’intérêt final de la série. Ce que l’on pouvait interpréter comme une œuvre audacieuse dénonçant les dérives du paraître et de la surexposition médiatique via internet pourrait bien se dévorer elle-même par ses excès de zèle.
Ce nouveau tome expose le cauchemar du professeur Eri et sa folie sans aucun fard, mêlant le sexe et le sang comme une union sacrée dans son esprit torturé mais si le propos peut se défendre, l’absence de dégoût ou de tentative intervention de la part des trois spectateurs ne relève plus de la surprise mais de l’incompréhension. On sait à présent que Mai n’est pas du genre à pleurer sur les misères de ses victimes, elle aime plutôt y prendre part (ce qu’elle fait d’ailleurs une fois de plus ici) et que Tomohiro, bien que novice, lui ressemble de plus en plus, mais que la jeune Miwa, nouvelle venue ne bouge pas un doigt… Elle serait donc parfaite pour intégrer l’équipe de tournage de Mai ! Mieux, dans une seconde partie, c’est au tour de la super bombe Saki Mizuno de prêter main forte, enfin corps fort, à un nouveau projet de tournage de l’équipe bizarre. La multiplication des suicidés qui se filment lors du passage à l’acte inspire Mai et Tomohiro… Mais contrairement à ces morts, le duo entend bien vivre pour connaître le succès de leur vidéo, ils recrutent donc des « acteurs » consentants et « action ! ».
Des morts, du sang, de la mise en scène vicieuse pour atteindre ce point culminant et la cagnotte à la clé, le scénario pourrait devenir trop répétitif en dépit de l’originalité de l’horreur bien travaillée par Mikoto Yamaguchi qui propose donc un tournant plus classique qu’il n’y paraît : réunir plusieurs équipes de tournage pour un défi et en un lieu clos dont on ne peut s’évader tant qu’un vainqueur ne sera pas déclaré. Le suspense est relancé et la suite prometteuse.
Néanmoins, tout le récit continue de ne reposer que sur le déroulement des faits et leur caractère excessif et vicieux, les personnages même récurrents ou principaux demeurent superficiels, sans profondeur. Quelle est la vraie motivation de chacun ? L’argent paraît une réponse trop évidente et peu convaincante.
Graphiquement, Touta Kitakawa est au rendez-vous avec une mise en scène efficace qui met en valeur une narration basée sur les rebondissements, les travers psychologiques et l’excès. Les personnages affichent la même palette restreinte d’expressions mais la répétition des situations n’en souffre pas. Et que ça saigne !
Ce troisième tome ne laissera personne indifférent même si la surenchère de violence et de basses besognes pourrait finir par lasser à moins que le nouveau défi introduit par l’ultime chapitre ne relève le niveau de la suite.
Points forts :
- Trois parties bien distinctes dans ce volume
- Rebondissements inquiétants qui font de l’effet
- Personnages qui ont tous un rôle à jouer
- Fond du récit dans l’air du temps mais version délirante
- Dessin adapté à la narration
- Chara-design typique
- Mise en scène + + +
- Suspense + +
- Édition française réussie
Points faibles :
- Pour public très averti
- Surenchère de violence un peu trop flagrante qui faudra renouveler
Verdict : Un Bon Tome !!!