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Critique

Notre critique du tome 1 de Plongée dans la Nuit

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Plongée dans la nuit t1 notre critique - nipponzillaDessinateur : Goumoto
Scénariste : Goumoto
Editeur : Taifu Comics
Collection : Yuri
Genre : Scolaire, romance, drame
Public : Public averti
Contenu : pages
Sortie : 29 mai 2020
Prix : 7,99 €
Statut de la série au Japon : En cours de publication

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Résumé

La première fois que la belle et taciturne Tsukiko aperçoit Aya en train de nager, elle est comme transportée. La silhouette de l’ondine se met à hanter le quotidien aquatique de Tsukiko et, petit à petit, elle glane des informations sur celle qu’elle va découvrir être une camarade de classe très franche et joyeuse. Aya semble parler avec autant de facilité que Tsukiko en a à se taire. Les jours passent, et un certain jour de pluie, le hasard leur offre une occasion d’échanger…

Notre Critique

Ce premier tome de Plongée dans la nuit est intriguant. Le lecteur le termine dans un état d’esprit proche de celui de ses héroïnes…

Tsukiko ne parle à personne, ou presque, en dehors de ses deux seules copines de classe. Et cette indifférence volontaire ne la gêne absolument pas. Arrivée en cours d’année de seconde au lycée local, elle ne cherche pas à se faire des amis. Elle reste distante, inaccessible avec tous. Mais lorsqu’elle surprend Aya au cours de son entraînement à la piscine de l’école, elle nourrit une fascination qui lui donne envie de nouer une relation avec la nageuse. Elle-même ne sait pas pourquoi mais elle aime la voir nager et l’imaginer dans l’océan, entourée de poissons de toutes sortes.

À l’occasion d’un jour de pluie, ce qu’elle espérait secrètement se produit : Aya et elle échangent quelques mots et leur amitié commence. Quelques mois plus tard, alors qu’elles entrent en première, Aya est devenue sa seule amie. Quoique…

De son côté, Aya la trouve distante, évidemment, mais étrange, séductrice malgré elle de par sa beauté et le mystère qui l’entoure. Comment une fille aussi belle peut-elle se révéler si désagréable la plupart du temps ? Aya est comme Tsukiko mais à sa manière : elle sait que sa franchise rebute les gens. Sauf sa nouvelle amie qui ne se gêne pas pour lui rendre la pareille.

Une fascination réciproque semble réunir ces deux jeunes filles qui cherchent à pouvoir être elles-mêmes sans être jugées. En dehors de cela, tout semble les opposer : leur physique, leur personnalité, leurs centres d’intérêt. Tsukiko ne sait pas nager alors que tout ce qu’Aya aime faire c’est être dans le silence de l’eau !

Mais peu à peu, les rumeurs aidant, Tsukiko se pose des questions. Est-ce bien d’être proche d’Aya, alors qu’elle ne sait rien d’elle ? Elle a toujours été une étrangère partout où ses parents ont emménagé au fil des années, elle est habituée à la solitude, aux jugements. Mais qu’en est-il d’Aya ? Sans se l’avouer, elle ne veut pas qu’Aya soit victime de rumeurs qui gâcherait son quotidien. On devine aussi que l’enfance de Tsukiko ne fut pas très rose, que la superficialité de sa relation avec sa mère ne l’a pas aidée à développer son sens du contact avec les autres. Et puis, soudain, alors qu’elle tente de comprendre ce qu’elle apprécie chez Aya, la franchise de cette dernière la blesse. Tsukiko, si peu expérimentée en amitié, pense que son amie n’en est pas une, qu’elle ne ressent que de l’indifférence pour elle. Etonnamment, Tsukiko, reine de l’indifférence est blessée par ce qu’elle pense être du désintérêt de la part d’Aya.

Alors, elle s’éloigne peu à peu d’Aya, l’ignore, la fuit. Et tandis que son amie tente vainement de comprendre ce qui lui arrive en questionnant ses copines de classe, Tsukiko poursuit son idée, bille en tête. Les vacances de fin d’année débutent sans que les deux filles se soient expliquées. Mais le destin veille et, au détour d’un centre commercial en fête, Aya aperçoit Tsukiko et la questionne. Face à l’absence de réponse satisfaisante, elle trouve les mots qui parviennent en plein cœur de son amie…

Ce récit est surprenant. Plongée dans la nuit paraphrase joliment son contenu : la nuit qui hante le cœur de Tsukiko s’éclaire peu à peu grâce à Aya. Goumoto aurait pu user du cliché du duo d’héroïnes yuri typique : une timide et une extravertie. Mais l’artiste a opté pour des personnages plus énigmatiques. Tsukiko est secrète, mutique, elle ne mâche pas ses mots et ne recherche pas à plaire aux autres. Est-elle fidèle à elle-même ou cherche-t-elle seulement à se préserver des déceptions relationnelles ? De son côté, Aya est obnubilée par sa seule passion pour la natation. Son bien-être réside dans la pratique de la nage, dans le fait de se trouver dans l’élément si apaisant et étranger qu’est l’eau. La rencontre de ces jeunes filles qui vivent à part des autres est subtile, aventureuse. Elle laisse présager bien des revirements et poussent le lecteur à décrypter page après page, dialogue après dialogue, leurs interactions.

Enfin, on apprécie le découpage narratif qui met sur un pied d’égalité les points de vue des deux héroïnes, chose trop rare dans le manga !

Cette narration originale est assortie d’un dessin tout aussi frais. Exit le traitement trop connu et bienvenu au superbe style de Goumoto. Si on devait absolument le classer, on pourrait le qualifier de shojo à tendance réaliste. Le travail sur le chara-design met en avant la beauté surnaturelle et occidentale d’une Tsukiko qui attise curiosité, jalousie et convoitise. Aya est jolie mais pas autant et son physique finalement plutôt banal tranche avec sa personnalité. Toutes deux ont un fort caractère, à la fois opposé et complémentaire. Les émotions d’Aya se lisent sur son visage tandis que Tsukiko laisse rarement deviner les siennes. Les personnages secondaires ne sont pas en reste avec un soin particulier adapté à leur rôle dans le récit. Mais le grand plus du graphisme de Goumoto réside dans la mise en cases et l’omniprésence de l’élément liquide. Eau de piscine, océan imaginaire, vague déferlante qui représente les sentiments mouvants d’une Tsukiko qui ne sait plus où elle en est, chaque allusion à l’élément eau occupe les arrières ou premiers plans des scènes riches en pensées et en émotions. Cette enveloppe onirique confère une poésie générale à cette histoire. Les jeux de trames et fond noirs ne sont pas étrangers à l’ambiance mystérieuse qui entoure Tsukiko.

Plongée dans la nuit promet d’être un vrai bijou dans le monde du yuri, mélange d’une narration originale et d’un dessin poétique à souhait !

Rédactrice manga de Nipponzilla. Dévoreuse manga, BD et livres en tous genre, bavarde absolue, elle s’attaque à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un bon titre et qu’importe les déceptions, elle s’acharne pour vous dénicher des perles.

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